Interventions dans les situations d’urgence
En 2019, 15 des 22 pays et territoires de la Région ont été confrontés à des situations d'urgence majeures, dont trois au plus haut niveau, à savoir au niveau 3. Plus de 70 millions de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire, et la Région était à la fois la source du plus grand nombre de personnes déplacées par la force et l'hôte du plus grand nombre de ces dernières que partout ailleurs dans le monde.
L’OMS a collaboré avec un large éventail de partenaires pour faire face à ces situations d’urgence, en apportant aux pays un soutien direct sous forme d’expertise et de fournitures, et en aidant les partenaires dans la prestation des services de santé essentiels. Nous avons également collaboré avec les pays pour renforcer leur préparation aux situations d'urgence et leur résilience face à celles-ci, ainsi que pour surveiller et examiner les flambées épidémiques potentielles et les autres risques qui y sont liés.
Riposte aux situations d’urgence
Maintien des systèmes et des services de santé
Les situations d’urgence augmentent la demande en services de santé tout en perturbant et en fragilisant les systèmes qui les fournissent. L’OMS s’est efforcée de maintenir et de développer les prestations de soins de santé couvrant un large éventail de domaines techniques, même dans les circonstances les plus difficiles.
Notre kit pour la prise en charge des maladies non transmissibles (MNT) fournit un ensemble standard de médicaments et de dispositifs médicaux essentiels pour répondre aux besoins prioritaires de 10 000 personnes atteintes de maladies non transmissibles pendant trois mois dans des situations d'urgence. En 2019, un soutien technique a été fourni à l’Afghanistan, l’Iraq, la Libye, la République arabe syrienne et au Yémen pour l’achat et le déploiement de ce kit.
La fourniture d’un appui en santé mentale et d’un soutien psychosocial a été assurée en Iraq, en Libye et au Yémen, ainsi que dans les pays affectés par la crise syrienne, et ce en coordination et en collaboration avec des institutions partenaires des Nations Unies, des organisations non gouvernementales, des parties prenantes nationales et des institutions universitaires.
Un cadre d’action pour garantir la qualité des soins de santé dans les situations d’extrême adversité a été élaboré afin de remplir l’objectif suivant : soutenir la mise en œuvre de politiques et de stratégies reposant sur des bases factuelles, visant à garantir la prestation de services de soins de santé sûrs et de bonne qualité dans des situations de fragilité, de conflit et de vulnérabilité. Il a été mis à l’essai en Libye et en Palestine au cours de l’année.
Entre-temps, dans le cadre de la phase de relèvement en Iraq et en République arabe syrienne, un soutien technique a été fourni pour renforcer les capacités techniques concernant les systèmes d’achat et de distribution et l’utilisation rationnelle des médicaments essentiels, afin d’appuyer la transition des dons et des systèmes d’approvisionnement gérés par des organisations internationales aux systèmes d’approvisionnement nationaux.
Amélioration de la surveillance et du suivi des risques
Renforcement de la préparation aux situations d’urgence
Des activités de grande ampleur ont été entreprises pour renforcer la préparation des pays aux situations d’urgence. Une évaluation externe conjointe a été réalisée en Iraq afin de jauger les capacités de santé publique du pays à faire face à tous les risques dans le cadre du Règlement sanitaire international (RSI 2005). Le nombre de pays de la Région ayant fait l'objet d’évaluations conjointes s'élève donc à 18. La République islamique d'Iran, la Palestine, la République arabe syrienne et le Yémen feront également partie des pays qui effectueront ce type d’évaluation.
Les évaluations externes conjointes fournissent à chaque pays une base en vue d’élaborer un plan d’action national pour la sécurité sanitaire adapté à ses besoins spécifiques. Dans le cadre d’un suivi mené en 2019, des ateliers ont été organisés par l’OMS, auxquels ont participé des représentants d'institutions publiques et d'organisations partenaires. Les participants se sont associés en équipe pour couvrir l’ensemble des 19 domaines techniques du RSI afin d’appliquer les recommandations issues des évaluations externes conjointes précédentes. Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Tunisie ont élaboré leur plan d’action national pour la sécurité sanitaire.
Outre cet appui apporté à chaque pays, la préparation transfrontalière et régionale constitue un important axe prioritaire. L’OMS a collaboré avec les bureaux de pays de la FAO et les ministères nationaux de la Santé publique, de la Santé animale et de l’Environnement pour réaliser des évaluations conjointes tripartites des risques pour l’Afghanistan et le Pakistan. Le personnel des bureaux nationaux et infranationaux s’est exercé à la prise en compte des menaces sanitaires partagées à l’interface humain-animal-environnement, en adoptant l’approche « Une seule santé ».
Dans le cadre des efforts déployés actuellement pour aider les pays à maintenir les principales capacités requises au titre du RSI aux points d’entrée, l’OMS a collaboré avec les Centers for Disease Control des États-Unis et l’Organisation internationale pour les migrations afin d’élaborer un nouveau manuel sur le renforcement des capacités en matière de santé publique et la collaboration transfrontalière aux postes-frontières. Cette ressource mondiale a été mise à l'essai dans le cadre d’un programme de discussion global organisé sur trois jours à Beyrouth (Liban), avec des points focaux nationaux RSI, des hauts responsables travaillant directement sur les questions de santé publique aux postes-frontières, des participants des secteurs concernés et des institutions sœurs de l’OMS au sein des Nations Unies.
Parmi les autres mesures concernant la sécurité transfrontalière, on peut citer les points suivants : la formation du personnel d’Arabie saoudite, de Bahreïn et des Émirats arabes unis sur le renforcement des capacités de santé publique et la collaboration transfrontalière aux postes-frontières, ainsi qu’un examen des postes-frontières en Égypte pour garantir leur préparation suite à une flambée épidémique de fièvre de la Vallée du Rift au Soudan.
À la fin de l’année, la huitième réunion régionale des parties prenantes a rassemblé plus de 140 participants issus des États Membres afin d’examiner la mise en œuvre du RSI. La réunion a fourni une plate-forme pour l’introduction de plusieurs nouveaux outils et innovations visant à soutenir la mise en œuvre du RSI, notamment des modules de formation et des outils pour la hiérarchisation, le suivi et l’évaluation du plan d’action national pour la sécurité sanitaire.
Ses recommandations visaient à renforcer la collaboration multisectorielle, à déterminer les domaines prioritaires, à intensifier les activités de renforcement des capacités et à poursuivre les échanges de connaissances entre les pays, l’OMS réaffirmant de son côté sa volonté de fournir un soutien technique continu. Les principaux résultats de la réunion fourniront également de la matière pour la première réunion portant sur la diplomatie de la sécurité sanitaire qui es t prévue en 2020. Cette dernière constituera un cadre de haut niveau afin de poursuivre la collaboration et la coordination multisectorielles en vue de la mise en œuvre du RSI.
Lutte contre les flambées épidémiques de maladies infectieuses
Malgré les investissements majeurs réalisés ces dernières années pour renforcer la préparation et les principales capacités au titre du RSI, de nombreux pays de la Région restent vulnérables aux menaces que représentent les maladies infectieuses. Les flambées de maladies infectieuses constituent un risque particulier pour les personnes déplacées internes, les réfugiés et d’autres groupes vulnérables, et ont tendance à avoir des répercussions sociales, économiques et environnementales de grande portée.
En 2019, ce type de flambées épidémiques a provoqué plus de deux millions de cas de maladies et environ 10 000 décès dans la Région. Il y a eu de nouvelles flambées de maladies infectieuses émergentes causées par des agents pathogènes à haut risque, ainsi que des poussées sporadiques de maladies endémiques.
L’OMS a pris des mesures proactives pour réduire leur impact, à savoir : soutien fourni à la mise en œuvre d’interventions éprouvées axées sur le renforcement des capacités nationales de préparation aux situations d’urgence, détection précoce des événements de santé publique, suivi de leurs progrès pour y riposter efficacement et documenter l’impact, et réalisation de recherches avancées pour combler les lacunes en matière de connaissances sur les maladies infectieuses émergentes.
Au cours de l’année, 14 flambées épidémiques de maladies infectieuses émergentes ayant un potentiel de propagation mondiale ont fait l'objet d'une investigation et d’une riposte grâce au soutien technique et financier du Bureau régional. Huit pays ont signalé des maladies à potentiel épidémique, notamment la varicelle, le chikungunya, le choléra, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la dengue, la diphtérie, la fièvre typhoïde ultrarésistante, l’hépatite A, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), la rougeole, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient dû au coronavirus, la poliomyélite et la fièvre de la vallée du Rift.
Pour la troisième année consécutive, des flambées épidémiques de choléra ont continué de sévir en Somalie et au Yémen. Le Yémen es t confronté à la pire flambée de choléra jamais enregistrée, avec plus de 2,2 millions de personnes touchées et près de 4000 morts depuis 2016. En 2019, l'OMS a fourni une aide importante à la Somalie et au Yémen pour la mise en œuvre d'interventions prioritaires visant à endiguer les flambées, notamment le renforcement de la surveillance par l’alerte précoce et le diagnostic en laboratoire, le déploiement d'équipes d’intervention rapide, l'amélioration des activités en matière d'eau et d'assainissement, la mobilisation des communautés et la mise en œuvre de campagnes de vaccination anticholérique orale.
Nous avons collaboré avec le Pakistan et le Soudan pour investiguer et maîtriser rapidement l’une des pires flambées de dengue survenue ces dernières années. L’OMS a également mis en œuvre des interventions ciblées de lutte antivectorielle afin de réduire les gîtes larvaires, renforcer la surveillance entomologique et améliorer les campagnes d’éducation sanitaire ciblant des populations vulnérables.
Quatre pays – Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman et Qatar – ont été confrontés cette année à des cas de syndrome respiratoire du Moyen-Orient, avec une notification de 223 cas confirmés en laboratoire et de 56 décès associés au total. Le nombre de flambées hospitalières a sensiblement diminué au cours de cette période grâce à l’amélioration de la surveillance et de la détection précoces, ainsi qu’aux pratiques de prévention et lutte anti-infectieuses.
Le Soudan a connu de nombreuses flambées épidémiques, mais un changement de politique gouvernementale a poussé le ministère fédéral de la Santé à déclarer officiellement toutes les épidémies conformément aux exigences du RSI, et à communiquer des informations à l’OMS.
Amélioration du réseau d'alerte et d'intervention rapides
Renforcement de la préparation en cas de pandémie
L'OMS a continué d’accorder la priorité au renforcement des capacités nationales pour détecter la grippe pandémique, s'y préparer et y riposter, et de fournir un appui à cet égard. L’organisation de la cinquième réunion du Réseau de surveillance des infections respiratoires aiguës dans la Méditerranée orientale ( EMARIS), qui s’est tenue parallèlement à la deuxième Conférence scientifique sur les infections respiratoires aiguës dans la Méditerranée orientale en novembre 2019, à Casablanca ( Maroc), a constitué une initiative majeure à cet égard.
Grâce au Réseau EMARIS, les pays de la Région collaborent pour renforcer la surveillance de la grippe, améliorer l'utilisation des données de surveillance afin de consolider les programmes de lutte contre la maladie et mener des recherches sur le virus de la grippe ainsi que d'autres virus respiratoires. Cette dernière réunion biennale a été organisée en collaboration avec les Centers for Disease Control des États-Unis et a porté sur le thème « meilleures données, meilleures politiques, meilleures actions », le but étant de promouvoir la production de données de qualité à partir des systèmes de surveillance locaux afin de permettre l'élaboration de politiques de santé publique éclairées par des bases factuelles.
Des réussites notables enregistrées dans la Région ont été passées en revue, notamment l’élargissement du Cadre de préparation en cas de grippe pandémique, le renforcement des capacités nationales de riposte rapide, l’usage croissant de l’outil d’évaluation de la sévérité de la grippe pandémique pour estimer la gravité de la grippe saisonnière, l’amélioration des compétences en matière de techniques de détection avancées, une augmentation des évaluations de la surveillance et du nombre de publications scientifiques et la finalisation des plans de préparation en cas de pandémie.
Entre autres mesures visant à renforcer la préparation aux pandémies au cours de l’année, l’OMS a organisé une formation approfondie pour renforcer les capacités pour la grippe, y compris l’organisation d’un atelier régional consacré à l’élaboration d’un protocole pour le suivi et l’évaluation des systèmes de surveillance sentinelles de la grippe, une formation sous-régionale sur l’estimation de la charge de morbidité due à la grippe et une réunion des directeurs des laboratoires nationaux de la grippe dans la Région.
Maladies à transmission vectorielle – prévention et lutte
Poliomyélite – une menace permanente
Renforcement de la lutte contre le poliovirus sauvage
Avec l'augmentation du nombre de cas, le programme de lutte contre la poliomyélite a commencé à remanier systématiquement ses opérations pour remédier aux vulnérabilités du programme et améliorer la couverture vaccinale. Les gouvernements afghan et pakistanais se sont engagés à assurer un avenir exempt de poliomyélite à leurs populations. Ils ont mis en œuvre des examens complets des programmes au cours de 2019.
Les défis à relever dans le cadre des efforts d'éradication comprennent l’accès à l’ensemble des populations (affectées par l’insécurité et l’interdiction partielle des campagnes de vaccination en Afghanistan), la qualité des campagnes de vaccination dans les réservoirs, les mouvements de population et les inquiétudes quant à la sécurité des agents de première ligne. Les réticences croissantes face à la vaccination, qui sont souvent liées à la propagation d’informations erronées par les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux, compliquent davantage les efforts déployés pour administrer à chaque enfant le vaccin antipoliomyélitique.
En réponse, l’OMS et ses partenaires mettent en place des changements transformateurs pour faire reculer les menaces que pose le virus, y compris une meilleure gestion des programmes, une attention particulière portée aux réservoirs de poliovirus persistant, des mesures visant à accroître l’engagement des communautés et des efforts visant à surmonter les obstacles à l’accès.
Le programme de lutte contre la poliomyélite s’est également engagé à collaborer avec les programmes de vaccination systématique et à former de nouveaux partenariats avec des initiatives sanitaires plus larges.
Pour soutenir les efforts des pays, le Programme de lutte contre la poliomyélite a mis en place à l’automne 2019 le Centre de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP). Ce Centre se trouve à Amman (Jordanie), et est doté d’une équipe d’experts dévoués, ayant des dizaines d'années d'expérience dans la lutte contre le poliovirus. Il a été mis en place spécifiquement pour soutenir les équipes du Pakistan et de l'Afghanistan pendant que les pays remanient les opérations et examinent les zones de faiblesse opérationnelle. Ce Centre assurera une meilleure coordination au sein du partenariat de l’IMEP ; il permettra de fournir plus rapidement un appui renforcé et une expertise technique en Afghanistan et au Pakistan, et garantira une prise de décision rapide et plus proche du terrain.
Des nouvelles encourageantes sont parvenues le 24 octobre 2019 lorsque la Commission mondiale de certification de l’éradication de la poliomyélite a déclaré l’élimination mondiale du poliovirus sauvage de type 3. Il s’agit d’une réalisation majeure, étant donné que sur les trois sérotypes du poliovirus sauvage, un seul type subsiste. Ce fut pour la Région de la Méditerranée orientale une autre preuve que l'on peut parvenir à un monde exempt de Rapport annuel du Directeur régional pour 16 poliomyélite en investissant dans la formation des personnels qualifiés, des outils innovants et la mise en œuvre de la vaccination systématique.