Malgré les avancées déjà réalisées, des mesures plus ambitieuses doivent être prises pour aider les fumeurs à cesser de consommer des produits du tabac mortels
Le Caire (Égypte), 28 juillet 2019 – De nombreux gouvernements progressent dans la lutte contre le tabac. Aujourd’hui, 5 milliards de personnes vivent dans des pays qui ont mis en place des mesures efficaces de lutte antitabac telles que les interdictions de fumer et les mises en garde illustrées sur les paquets – soit 4 fois plus qu’il y a dix ans. Toutefois, selon le dernier rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, nombre de pays n’appliquent toujours pas suffisamment les politiques de lutte antitabac qui permettent de sauver des vies, notamment celles qui aident les fumeurs à cesser toute consommation de tabac.
Le rapport 2019 indique que plus de la moitié des pays de la Région OMS de la Méditerranée orientale (14 pays sur 22) ont mis en place des mesures visant à aider les gens à cesser de fumer. Trois pays (Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Koweït) mettent pleinement en œuvre des politiques de soutien au sevrage tabagique au plus haut niveau, 17 pays proposent des services de sevrage dans certains ou dans la plupart des établissements de santé, dont les coûts sont totalement ou partiellement couverts, et deux pays proposent des services de sevrage sans toutefois en couvrir les coûts. Cela témoigne d’une forte demande de la part du public en matière de soutien au sevrage tabagique.
Le rapport de l’OMS analyse les efforts déployés au niveau national pour la mise en œuvre des mesures les plus efficaces de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, dont il est avéré qu’elles réduisent la demande de tabac. Il a été démontré que ces interventions, telles que les mesures « MPOWER », permettaient de sauver des vies et de réduire les coûts liés aux dépenses de santé ainsi évitées.
Les services de sevrage tabagique doivent être renforcés
Le septième « Rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme » met l’accent sur les avancées effectuées par certains pays en matière de soutien au sevrage. Les données concernant la Région de la Méditerranée orientale indiquent un ralentissement quant aux progrès réalisés dans ce domaine. Seuls trois pays dans cette Région proposent des services de sevrage et appliquent des méthodes ayant fait leurs preuves. Globalement, 17 pays sur 22 ont maintenu leur niveau de mise en œuvre et de réalisation, et pour deux pays l’amélioration au niveau des politiques de soutien au sevrage tabagique est nette. Toutefois, les trois pays restants font montre d’une forte diminution des prestations de services en matière de sevrage.
« Nous souhaitons saluer les avancées réalisées dans la Région en ce qui concerne la lutte contre l’épidémie de tabagisme. Néanmoins, les faibles progrès effectués dans certains
pays sont source d’inquiétude », a déclaré le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale. « Certains pays éprouvent beaucoup de difficultés à pérenniser leurs réalisations en la matière en raison des pressions exercées par l’industrie
du tabac et de ses groupes écrans. Il existe également d’autres problèmes, comme l’absence de sensibilisation du public dans les campagnes médiatiques. »
Le programme MPOWER fournit aux gouvernements des outils pratiques pour épauler les fumeurs dans leur sevrage et mettre un terme aux décès prématurés dus aux maladies liées au tabac.
Les services de sevrage correspondent à la mesure MPOWER la moins mise en œuvre en termes de nombre de pays offrant une couverture complète. Bien que la Région s’oriente vers une mise en œuvre plus rigoureuse de certaines mesures de lutte antitabac, comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics, il est également important de proposer à la population des alternatives à la consommation de tabac via des services de sevrage. Il s’agit là de l’une des principales recommandations de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac afin de réduire la demande de tabac. Il est capital pour les pays de la Région de commencer un travail d’intégration complète de ces services dans le cadre des soins de santé primaires étant donné que 19 des 22 pays sont signataires de ladite Convention-cadre.
« Aider les fumeurs dans leur sevrage permet d’éviter les décès prématurés dus aux maladies liées au tabac », a déclaré le Dr Al-Mandhari. « C’est pourquoi il est essentiel que les gouvernements proposent des services de sevrage, afin d’aider la population à protéger
sa santé et à réussir à se débarrasser du tabac. » Les services de sevrage tabagique comprennent le service téléphonique gratuit d'aide au sevrage tabagique, les services « mCessation » qui permettent d’atteindre un grand nombre de personnes via le téléphone portable, les services de conseil par des personnels de soins de santé primaires et la thérapie de substitution à base de nicotine fournie gratuitement.
Actuellement, on estime à 1,1 milliard le nombre de fumeurs dans le monde entier, et 80 % d’entre eux vivent dans des pays à revenu faible et intermédiaire. Les tendances en matière de tabagisme indiquent une amélioration dans la Région de la Méditerranée orientale, mais les données concernant la prévalence dans certains pays doivent donner à réfléchir. Le tabagisme a reculé dans la plupart des pays, mais la croissance démographique implique que le nombre total de fumeurs est toujours aussi élevé. Dans la Région, la prévalence du tabagisme chez les jeunes est particulièrement inquiétante, notamment chez les filles. Le tabagisme par pipe à eau est le plus répandu dans ce groupe de population.
« Il est important que tous les pays envisagent sérieusement de renforcer la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et les six mesures MPOWER visant à réduire la demande de tabac », a déclaré le Dr Al-Mandhari. « Ces deux éléments se sont avérés fructueux dans de nombreux pays, et ils permettront aux pays de la Région d’atteindre le but qu’ils se sont fixé – réduire la prévalence du tabagisme de 30 % à l’horizon 2025. »
Note aux rédacteurs
Qu’est-ce que le programme MPOWER ?
Le programme MPOWER a été lancé en 2008 afin de promouvoir l’action gouvernementale ; il se focalise sur six stratégies de lutte antitabac et s’appuie sur la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Les six composantes du programme sont les suivantes :
Monitor – Surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention
Protect – Protéger la population contre la fumée du tabac
Offer – Offrir une aide à ceux qui veulent renoncer au tabac
Warn – Mettre en garde les individus contre les méfaits du tabagisme
Enforce – Faire respecter l’interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage.
Raise – Augmenter les taxes sur le tabac.