Situations d’urgence sanitaire
Ces situations résultent d’un ensemble de risques, qu’ils soient d’origine naturelle (géologique, hydrométéorologique), biologique/ épidémique, sociétale (en particulier des conflits et des troubles civils) et technologiques. De plus, la Région accueille le plus grand nombre de personnes ayant besoin d'un aide humanitaire dans le monde, elle est la source du plus grand nombre de personnes déplacées par la force et accueille la majorité de ces dernières.
Sur un total de 131,7 millions de personnes ayant besoin d’aide au niveau mondial en 2018, 70,2 millions (53,3 %) vivaient dans la Région. La Région a également été confrontée à une augmentation des mouvements de population dus aux déplacements forcés et aux migrations. Fin 2018, 70,8 millions de personnes étaient déplacées par la force dans le monde, y compris des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Sur ce nombre, 32,1 millions (45,3 %) étaient originaires de la Région, tandis que 25,4 millions y résidaient toujours.
En 2018, neuf pays de la Région sur 22 faisaient encore face à des situations d’urgence classées (niveau 3, conformément au système de classification de l’OMS : République arabe syrienne, Somalie et Yémen ; niveau 2 : Iraq, Libye, Palestine et Soudan ; niveau 1 : Afghanistan et Pakistan). Depuis 2012, l’Arabie saoudite est classée au niveau 2 pour le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). Sept autres pays de la Région ont été directement ou indirectement touchés par des situations d’urgence : Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, le Liban et Oman.
Les attaques perpétrées contre les soins de santé dans un certain nombre de pays se sont poursuivies sans relâche, ce qui en fait la zone géographique la plus dangereuse pour les agents de santé parmi toutes les régions de l’OMS. Le système de surveillance de l’OMS des attaques perpétrées contre les soins de santé a documenté 725 attaques dans la Région en 2018, faisant 137 morts. Au niveau des pays, des mesures ont été prises pour prévenir et atténuer de telles attaques, en renforçant la sensibilisation au droit à la santé, ainsi que par diverses mesures physiques visant à limiter l'impact des attaques sur les infrastructures de santé.
Assurer la préparation des pays
En décembre 2018, l’OMS a organisé sa septième réunion régionale des partenaires au Règlement sanitaire international (RSI) (2005) en décembre 2018, rassemblant ainsi de divers secteurs et partenaires techniques nationaux. La réunion a accueilli plus de 100 participants dans le but d’évoquer la situation actuelle concernant la mise en œuvre des principales capacités et la voie à suivre pour la Région. L’OMS a également défini des orientations concernant le mandat et les fonctions du comité multisectoriel du RSI et les liens qu’un tel comité devrait nouer avec les autres structures de coordination dans un pays.
Conformément à l’Article 54 du RSI (2005), les États Parties au sein de la Région de la Méditerranée orientale ont continué à présenter à l’OMS des rapports annuels sur les avancées réalisées eu égard aux principales capacités requises par le RSI. L’outil de notification annuelle a été modifié pour améliorer son ajustement avec l’outil d’évaluation externe conjointe (EEC), suite à un processus de consultation avec les points focaux nationaux pour le RSI. L’outil révisé a été présenté aux États Parties en mars 2018.
L’EEC est un processus collaboratif et volontaire permettant d’évaluer la capacité d’un pays, au titre du RSI (2005), à prévenir, détecter et répondre rapidement aux menaces de santé publique. En date de décembre 2018, 17 pays de la Région avaient mené à bien l’EEC et 15 rapports d’EEC avaient été produits. Le score moyen global pour l’EEC dans les 19 domaines techniques de la Région était de 3, ce qui indique une « capacité renforcée » et signifie que la plupart des caractéristiques de ces domaines techniques étaient disponibles ; cependant, l’action n’est pas entièrement achevée si l’on veut satisfaire aux caractéristiques restantes et assurer la pérennité de toutes les capacités.
Un plan d’action national pour la sécurité sanitaire constitue l’étape suivante essentielle dans le cadre du processus de suivi-évaluation des principales capacités RSI dans les pays. Lorsqu’un pays utilise cet outil pour développer son plan d’action, il est en mesure de mettre en évidence les lacunes et les besoins à l’intention des donateurs et des partenaires actuels et futurs afin de combler le fossé entre ces derniers par des ressources. La mise en œuvre d’un plan d’action national pour la sécurité sanitaire permet aux pays de pallier les manques via des actions structurées menées par des partenaires aux niveaux national, régional et mondial. Les plans aident les États Membres à renforcer leurs capacités afin d’améliorer leur préparation et leur disponibilité opérationnelle à gérer les risques et les événements de santé publique, et ainsi à mieux protéger les populations. En 2018, 12 pays de la Région ont achevé la mise en œuvre de leur plan d’action national pour la sécurité sanitaire et trois prévoyaient de finaliser le leur ; trois autres pays envisagent de finaliser leur plan d’action national en 2019 (Émirats arabes unis, Maroc et Tunisie). Cette mise en œuvre nécessite des ressources spécifiques et constituera une priorité pour le soutien de l'OMS en 2019.
La réalisation d’une cartographie des risques et l’élaboration de plans nationaux de préparation et de riposte de santé publique ont été soutenues en Égypte, en Iraq, en Jordanie, en Libye, au Maroc, au Pakistan, en Somalie et en Tunisie. Un profil régional visant à identifier les risques potentiels ainsi que des plans d’urgence pour certains risques spécifiques ont été mis au point pour faciliter et optimiser l’appui fourni aux pays répondant à des urgences de santé publique.
Diverses activités ont été menées afin de déterminer les critères du RSI (2005) aux points d’entrée dans les États Membres, notamment l’élaboration de plans de préparation et de riposte aux situations d’urgence de santé publique pour l’ensemble des risques en vue de renforcer la collaboration transfrontalière et la formulation de conseils pour le contrôle à l’entrée et à la sortie du territoire en cas d’urgence de santé publique.
En 2018, l’OMS a assuré une formation sur la conduite d’exercices nationaux de simulation pour l’ensemble des pays de la Région. Étant donné qu’il s’agit d’un élément initial et essentiel des exercices nationaux, les participants ont été formés à l’élaboration et à la mise en œuvre d’exercices de simulation théorique afin de tester les plans et les procédures permettant de donner un aperçu de leurs capacités en matière de RSI. Le Manuel OMS d’exercices de simulation a été traduit en français. Il est actuellement en cours de traduction en arabe. L’OMS a soutenu l’examen externe des ripostes nationales face aux événements aigus de santé publique, en particulier des systèmes en place ainsi que des capacités dans les domaines de la surveillance, des laboratoires, de la coordination, de la communication sur les risques et de la prise en charge des cas. Des examens a posteriori ont été effectués pour la République islamique d’Iran (tremblements de terre), le Maroc (brucellose) et le Pakistan (dengue). En outre, des activités similaires sont prévues pour Oman (dengue). Des exercices de simulation ont été menés en Iraq, en Jordanie, au Pakistan, en Palestine et en Tunisie afin de tester les ripostes nationales aux événements aigus de santé publique. Un exercice régional de simulation a également été organisé quant à la possible importation du virus Ebola ; il a permis de tester divers éléments de la capacité régionale pour intensifier la préparation et la disponibilité opérationnelle dans les pays.
Des progrès importants ont été réalisés pour améliorer la préparation des hôpitaux. En outre, des activités ont été menées pour évaluer la préparation de ces derniers, élaborer des plans de préparation et former le personnel hospitalier à Bahreïn, en Libye et au Soudan. Des modules de formation en ligne ont été mis au point en ce qui concerne la préparation des hôpitaux et leur gestion de tous les risques. Ils sont destinés à être déployés dans les pays par le biais d’une approche combinant formation en ligne et formation sen présentiel. Des avancées notoires ont également été réalisées pour faire avancer les activités de l’approche « Un monde, une santé » dans la Région ; de nouvelles approches ont été utilisées, notamment un atelier-relais national sur les services vétérinaires et les examens a posteriori au Maroc. Un plan régional a été élaboré (en se fondant sur les résultats de l’EEC) pour renforcer l’approche « Un monde, une santé » dans les pays ; il comprend aussi un programme de formation en ligne.
La Déclaration de Khartoum au Soudan et dans les pays voisins : En novembre 2018, l’Égypte, l’Éthiopie, la Libye, le Soudan, le Soudan du Sud et le Tchad ont signé une Déclaration de sécurité sanitaire transfrontalière montrant leur engagement à renforcer la préparation et la riposte aux menaces et aux événements transfrontaliers en matière de santé publique afin de poursuivre la mise en œuvre du RSI et de préserver cette sécurité au niveau mondial.
La seconde réunion mondiale sur la santé des migrants a rassemblé les points focaux dans le domaine de la santé des migrants des bureaux de l’OMS et des représentants des institutions partenaires afin de convenir d’un certain nombre de recommandations visant à promouvoir la santé des réfugiés et des migrants. Après deux jours de réunion, les résultats obtenus ont été mis en conformité avec le plan d’action mondial de l’OMS visant à promouvoir la santé de ces groupes de populations. Un plan d’action régional est en cours d’élaboration afin de promouvoir la santé des réfugiés et des migrants et garantir leur intégration son intégration dans les plans de préparation et d’intervention de santé publique nationaux.
Gérer les flambées épidémiques de maladies infectieuses
En 2018, 12 pays sur les 22 que compte la Région ont connu 19 flambées épidémiques majeures pour 10 différentes maladies émergentes et à potentiel épidémique, provoquant 435 625 cas de maladies et 844 décès. Les flambées concernaient les maladies suivantes : varicelle au Pakistan ; chikungunya au Soudan ; choléra en Somalie et au Yémen ; fièvre hémorragique de Crimée-Congo en Afghanistan, en Iraq et au Pakistan ; dengue à Oman, au Pakistan, au Soudan et au Yémen ; diphtérie au Yémen ; fièvre typhoïde ultrarésistante au Pakistan ; MERS-CoV en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, au Koweït et à Oman; légionellose associée aux voyages aux Émirats arabes unis ; et fièvre à virus West Nile en Tunisie. L’OMS a collaborée avec les pays concernés pour enquêter sur ces flambées épidémiques, et y riposter, afin de minimiser leur impact.
Au Yémen, l’OMS a collaboré avec le ministère de la Santé publique et de la Population pour le renforcement de la surveillance de l’alerte précoce et de la prise en charge des cas de maladies, le déploiement des vaccins anticholériques oraux et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et l’assainissement. En mai 2018, l’OMS et ses partenaires ont lancé la première campagne de vaccination anticholérique orale au Yémen, afin de contrôler la flambée de choléra la plus importante au monde. La campagne faisait partie d’un plan de riposte plus large face à cette flambée qui incluait la surveillance et la détection des cas ; l’engagement et la sensibilisation communautaires ; le renforcement des capacités pour les analyses de laboratoire ; l’amélioration de l’eau et de l’assainissement ; et la formation et le déploiement d’équipes d’intervention rapide. En mars 2018, en coordination avec le ministère de la Santé publique et de la Population et le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF), l’OMS a lancé une campagne de vaccination à grande échelle afin de maîtriser la propagation de la diphtérie. Elle ciblait environ 1 million d’enfants âgés de 6 semaines à 15 ans dans 39 districts prioritaires de 11 gouvernorats. Au Soudan, l’OMS a soutenu l’amélioration de la détection précoce, du diagnostic en laboratoire, de la prise en charge des cas, de l’accès à l’eau potable et l’assainissement, ce qui a permis de réduire le nombre de cas de diarrhée aqueuse aiguë et de décès associés. Le Ministère fédéral de la Santé soudanais, appuyé par l’OMS et ses partenaires, a également endigué une flambée épidémique de chikungunya grâce à la gestion intégrée de lutte antivectorielle, la communication sur les risques et l’amélioration de la surveillance. De plus, le Pakistan a connu une importante flambée épidémique de fièvre typhoïde ultrarésistante et l’OMS a soutenu la riposte du pays en fournissant un appui technique aux fins d’une investigation sur le terrain et de l’élaboration d’un plan d’action national.
Centre d’opérations d’urgence régional
En 2018, le Centre d’opérations d’urgence régional a continué de coordonner la riposte organisationnelle aux situations d’urgence classées via le partage d’informations en temps réel et la prise de décision collective.
En outre, le Centre d’opérations d’urgence a animé une série d’exercices de simulation et « sur table » aux niveaux mondial et régional quant à d’éventuelles flambées épidémiques et situations d’urgence, notamment en ce qui concerne la grippe et la maladie à virus Ebola.
Au cours de l'un de ces exercices, sept pays de la Région ont participé à une simulation d'une pandémie mondiale en décembre 2018, coordonnée par l’ensemble des centres d’opérations d’urgence de l’OMS au niveau mondial et le réseau des centres d’opérations d’urgence, réseau mondial de centres d'opérations d'urgence pour la santé.
L’Arabie saoudite, L’Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Liban, Oman et la Tunisie comptaient parmi plus de 40 pays du monde participant à la simulation de trois jours, qui était le premier exercice de formation à la riposte mondiale en cas de pandémie.
L'exercice a fourni une occasion concrète de déterminer la capacité de l'OMS et des pays à faire face à une éventuelle épidémie de grippe à potentiel pandémique, permettant ainsi d’identifier les lacunes à combler.
Il a eu lieu lors du centenaire de la pandémie de grippe de 1918, qui a infecté,selon les estimations, un tiers de la population mondiale et provoqué la mort de millions de personnes.
L’OMS a permis aux États Membres de renforcer leurs capacités en matière de prévention, de surveillance, de préparation et de riposte face à la grippe saisonnière et pandémique. En Tunisie, des experts et des personnels des ministères de la santé de cinq pays se sont réunis pour renforcer les plans nationaux de préparation à la grippe pandémique en mettant l’accent sur le renforcement de la surveillance, l’évaluation des risques, la préparation et la riposte ainsi que sur la détermination de la gravité des flambées épidémiques. Une formation avancée sur l’évaluation de la gravité de la grippe pandémique a été organisée dans le but de renforcer la capacité de 14 pays à déterminer les valeurs de référence et les valeurs seuil pour la grippe. Ainsi, cinq pays de la Région ont pu effectuer le calcul des valeurs de référence et des valeurs seuils pour cette maladie en 2018. Des experts de la grippe de 13 pays ont bénéficié d’une formation avancée en matière de détection et de caractérisation dans le domaine de la grippe afin de renforcer et de normaliser la détection et la confirmation des virus de la grippe saisonnière et pandémique.
En Somalie, l’OMS a formé des responsables de la surveillance sanitaire venus de 11 régions du pays au réseau électronique d’alerte précoce et d’intervention rapide, représentant une mise à niveau de la version du système qui améliore la détection et le partage d’informations quant à divers agents pathogènes à haut risque. De la même façon, au cours du pèlerinage annuel du hajj en Arabie saoudite, la surveillance s’est avérée une activité de toute première importance. L’OMS et le ministère de la Santé d’Arabie saoudite ont réussi à piloter un système d’alerte précoce pour les maladies et à mettre en œuvre toute une série de mesures en matière de préparation et de disponibilité opérationnelle conformément aux exigences du RSI (2005) en cas d’événements de rassemblement de masse. En partie grâce à ces efforts concertés, le pèlerinage n’a pas connu d’événement de santé publique potentiellement préoccupant (comme ce fut le cas depuis l’émergence de MERS en 2012). En outre, en 2018, l’OMS a aidé à constituer, dans la Région, un groupe d’experts du MERS susceptibles d’être déployés rapidement en cas de flambée de cette maladie.
Afin d’améliorer la rapidité et la qualité de l’organisation des secours, 130 membres d’équipes multidisciplinaires d’intervention rapide pour Ebola et le MERS ont reçu une formation supplémentaire dans cinq pays. Ces formations ont permis d’améliorer les connaissances et les savoir-faire quant à l’évaluation rapide des risques, la réalisation d’investigations de flambées, l’analyse des données épidémiologiques et la mise en œuvre des premières mesures de santé publique afin d’endiguer une flambée. Une fois les équipes d’intervention rapide nationales formées, elles ont été activement déployées et sont intervenues face à diverses situations d’urgence, notamment des flambées épidémiques en Afghanistan, en Libye, en Somalie, en République arabe syrienne et au Yémen.
En 2019, l'OMS finalisera le cadre stratégique régional pour la lutte contre les maladies émergentes et à potentiel épidémique et la prévention de ces maladies, et fournira un appui technique aux États Membres pour procéder à sa mise en œuvre. Le cadre couvre tous les domaines prioritaires en ce qui concerne la prise en charge des risques infectieux, qu’il s’agisse de prévention et de surveillance ou de préparation et de riposte. Certaines des priorités de l’OMS en 2019, comme présentées en détail dans le cadre, incluent la poursuite du renforcement des systèmes de surveillance épidémiologique et virologique pour diverses maladies émergentes et réémergentes à haut risque. Dans les pays qui font face à des situations d’urgence complexes, l’OMS formera régulièrement les personnels de santé et améliorera les plateformes électroniques quant à la collecte des données en temps réel et à l’automatisation de l’analyse en vue de soutenir l’investigation, l’intervention et l’endiguement des flambées épidémiques.
Les pays bénéficieront d’un soutien pour leur capacité diagnostique de laboratoire essentielle afin de détecter les agents pathogènes à haut risque, conformément au RSI (2005), ainsi que d’un appui afin de renforcer leurs capacités d’intervention rapide en améliorant leurs aptitudes et leurs compétences opérationnelles pour mener à bien des enquêtes de terrain et des activités de riposte en temps voulu. L'OMS soutiendra également les efforts de recherche visant à mieux comprendre les lacunes en matière des connaissances concernant l'étiologie, la transmission, les facteurs de risque, la charge de morbidité et les résultats pour les patients associés aux agents pathogènes à haut risque.
Riposte aux situations d’urgence sanitaire humanitaires
L'OMS continue de renforcer sa gestion des situations d'urgence grâce à l'application du système de gestion des incidents - une meilleure pratique internationale adoptée par de nombreuses institutions de santé publique dans le monde. L’application de plus en plus cohérente du système de gestion des incidents a aidé l’Organisation à devenir plus prévisible et plus efficace dans ses interventions en situations d’urgence, y compris dans la Région de la Méditerranée orientale. L’OMS a également amélioré sa gestion des situations d’urgence prolongées grâce à l’application du lien aide humanitaire-développement, qui réunit les partenaires humanitaires et les partenaires du développement pour une analyse, une planification et une identification conjointes des résultats communs.
Le Centre d’opérations d'urgence (EOC) régional a continué de coordonner les ripostes organisationnelles pour les situations d’urgence classées. Il a également organisé un nombre d'exercices de simulation mondiaux et régionaux ainsi que des exercices sur table en 2018 pour les flambées épidémiques potentielles et les urgences sanitaires.
La plateforme de services opérationnels et logistiques de l’OMS située dans la Cité humanitaire internationale à Dubai a continué de faire en sorte que la livraison des médicaments et d’autres fournitures médicales soit ininterrompue, sûre, fiable et ait lieu en temps opportun et que les populations soient ainsi protégées des effets provoqués par les situations d’urgence sanitaire. En 2018, près de 75 % des fournitures médicales de l'OMS au niveau mondial étaient destinés à des pays de la Région de la Méditerranée orientale : au total, l’OMS a fourni plus de 1462 tonnes métriques de fournitures médicales à plus de 4,5 millions de bénéficiaires dans 22 pays relevant de trois régions de l’OMS à partir de sa plateforme à Dubai.
Afin d’aider les enfants yéménites présentant des complications médicales dues à la malnutrition, l’OMS a créé 25 centres d’alimentation thérapeutique en 2018 (ce qui porte donc le nombre total de centres en fonctionnement à 54 dans 19 gouvernorats). Elle a également distribué 450 kits de malnutrition aiguë sévère aux centres d’alimentation, formé 621 agents de santé à la prise en charge des cas de malnutrition aiguë sévère et fourni des médicaments et du carburant afin de permettre le fonctionnement des centres de santé. Au total, pour la période 2017-2018, l'OMS a traité 14 697 enfants, le taux de guérison passant ainsi de 75 % (2017) à 87 % (2018).
En 2018, l’évolution rapide de la situation en République arabe syrienne a obligé l’OMS à intervenir dans de nombreuses zones géographiques. En Ghouta orientale, plus de 4200 personnes ont été orientées vers des hôpitaux publics et plus de 55 000 enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite et d’autres maladies infantiles ; les agents communautaires et les équipes mobiles sont également intervenus pour fournir des soins psychologiques de base auprès de 34 000 personnes environ. Dans le sud-ouest du pays, l’OMS a livré plus de 70 tonnes de médicaments et de fournitures médicales à des établissements de soins de santé et a soutenu les organisations non gouvernementales qui ont assuré plus de 97 000 consultations de soins de santé primaires via des équipes au sein de dispensaires fixes et des équipes mobiles. En novembre 2018, un convoi interinstitutions et le Croissant-Rouge arabe syrien ont réussi à accéder à la population à Rubkan pour la première fois en 9 mois ; l’OMS a distribué plus de 3 tonnes de médicaments et de fournitures médicales (quantité suffisante pour assurer 31 601 traitements) au camp et a évalué la situation et les besoins sanitaires. Depuis sa plateforme transfrontalière à Gaziantep en Turquie, l’OMS a pris en charge les coûts de fonctionnement de 38 établissements de soins primaires et secondaires, de 185 équipes mobiles et de 54 dispensaires itinérants et ambulances dans le nord-ouest de la République arabe syrienne. La plateforme de Gaziantep a distribué 497 tonnes de fournitures médicales dans les zones où les besoins sanitaires étaient les plus importants, et a permis de mener à bien plus de 1,8 million de consultations de soins de santé primaires et de traiter plus de 88 800 personnes pour des traumatismes. Cette plateforme a également soutenu des partenaires en apportant son expertise technique et en dispensant des formations. À l’automne 2018, la plateforme de Gaziantep a été à l’origine de la plus importante expédition transfrontalière de médicaments et de fournitures d’urgence vers le nord-ouest de la République arabe syrienne : 104 tonnes de fournitures ont été distribuées dans 180 établissements de soins. En 2018, l’OMS a livré, au nord-est de la République arabe syrienne, plus de 245 tonnes d’équipements et de fournitures médicaux (quantité suffisante pour répondre aux besoins sanitaires de plus de 200 000 personnes) via le poste-frontière d’Al-Yarubiyah en Iraq. Durant la même période, elle a également soutenu une organisation non gouvernementale internationale en charge de fournir des soins de santé primaires et de proposer des services d’orientation-recours d’urgence à plus de 10 000 personnes dans la ville d’Ar-Raqqa.
La violence au sud de Tripoli, en Libye, en septembre 2018, a laissé des centaines de blessés dans le besoin de soins médicaux urgents et vitaux. Des attaques perpétrées contre les soins de santé ont également été signalées dans le pays. Dans l’objectif de soutenir les efforts d'intervention du ministère de la Santé, l'OMS a déployé 10 équipes mobiles pour prendre en charge les traumatismes d'urgence dans les zones de combats. Elle a également fourni des médicaments pour les traumatismes à 200 cas critiques. Des médicaments pour le traitement des maladies chroniques ont été acheminés vers les établissements de soins de santé dans des zones d’accueil de personnes déplacées à la suite des violences.
En août 2018, l'OMS et les autorités sanitaires iraquiennes ont réagi à une épidémie de maladies gastro-intestinales à Bassora, provoquée par une alimentation en eau insalubre. L’OMS et le Ministère de Santé ont réagi en livrant des médicaments et des fournitures médicales, en garantissant la gratuité du traitement à tous les patients, en formant et en déployant des personnels de santé, en menant des campagnes de sensibilisation auprès des communautés et en améliorant la surveillance de la qualité de l’eau dans les zones concernées.
Dans le but d’aider les personnes touchées par la sécheresse en Afghanistan, l'OMS a soutenu la mise en œuvre rapide de l'ensemble de prestations de santé de base dans les zones les plus menacées. L’OMS a également envoyé des médicaments et des fournitures médicales aux établissements de santé des zones touchées par la sécheresse déclarées prioritaires. En 2018, plus de 1,24 million de consultations médicales ont été réalisées, 18 équipes de santé mobiles ont été déployées afin de proposer des services essentiels vitaux aux populations déplacées suite à la sécheresse et aux conflits, et 32 districts difficiles d’accès ont bénéficié de services de santé essentiels.
En 2018, l’action de l'OMS dans le domaine des urgences a été financée à 80 %, grâce au soutien d'un certain nombre de donateurs clés. Il s'agit notamment de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), du Département d'État des États-Unis, du Département d'aide humanitaire et de protection civile de la Commission européenne (ECHO), de l'Allemagne, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), du Japon, de la République de Corée, du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d'urgence (CERF), du Département du Développement international (DFID) du Royaume-Uni, de la Norvège, du Qatar, du Koweït, de la Banque mondiale, de l'Arabie saoudite, des {2}Émirats arabes unis{3}, d'Oman, de la Chine, de l'Italie, de l’Algérie, de la Slovaquie, de la Suède et de la Lituanie. Toutefois, si certains pays ont bénéficié d’un soutien majeur de la part des donateurs en 2018, d'autres pays sont confrontés à des situations d'urgence oubliées et continuent de souffrir d’un important déficit de financement ; l’on peut citer notamment la Somalie, le Soudan et les pays accueillant des réfugiés.
Les partenariats restent indispensables pour répondre aux situations d’urgence, l’accent étant mis sur l’action collective et la coordination intersectorielle, en particulier dans les secteurs de la nutrition, de l’eau et de l’assainissement. L'OMS a trois principaux partenariats opérationnels dans le monde, qui sont tous actifs dans la Région : le groupe sectoriel mondial pour la santé, le Réseau mondial OMS d'alerte et d'action en cas d'épidémie et les équipes médicales d'urgence.
Le groupe sectoriel mondial pour la santé est le partenaire le plus opérationnel dans les crises humanitaires, avec 29 groupes actifs aux niveaux national et régional, opérant à partir de huit sites nationaux et de 42 sites infranationaux, et visant à desservir 57,1 millions de personnes ayant besoin de services de santé. Le Réseau mondial OMS d'alerte et d'action en cas d'épidémie représente un réseau d'institutions de santé publique qui déploie des experts techniques pour riposter aux épidémies et aux problèmes de santé publique dans le monde entier. Le Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale accueille 12 partenaires du Réseau mondial OMS d'alerte et d'action en cas d'épidémie et a déployé en 2018 des experts du réseau pour faire face à une épidémie de dengue au Pakistan. Les équipes médicales d'urgence sont des équipes autonomes capables d’accroître les services cliniques en cas d’urgence. Le nombre des équipes médicales d'urgence nationales augmente dans toute la Région, certains États Membres développant également des équipes médicales d'urgence qui pourraient éventuellement se déployer au niveau international pour fournir un soutien supplémentaire lorsque les capacités nationales d'autres pays sont insuffisantes.