Réunion de haut niveau en vue de sauver les vies de mères et d’enfants: relever le défi
29–30 janvier 2013, Dubaï (Émirats arabes unis)
Contexte
La Région de la Méditerranée orientale est une région jeune dans laquelle les enfants jusqu’à l’âge de 18 ans constituent plus de 40 % de la population (244 millions d’enfants). Les enfants de moins de cinq ans (73 millions d’enfants) représentent 12 % de la population régionale et les femmes en âge de procréer 29 %. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes forment des groupes hautement vulnérables pour lesquels deux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) spécifiques, les 4 et 5 respectivement, et des indicateurs au titre d’autres OMD ont été fixés pour mettre en évidence le rôle qu'ils jouent dans le développement des pays.
La santé de la mère et de l’enfant est au cœur de la Déclaration d’Alma-Ata sur les soins de santé primaires qui a été réaffirmée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Ces deux domaines sont le thème de la Stratégie mondiale des Nations Unies pour la santé de la femme et de l’enfant. Ils font en outre l’objet de recommandations de la Commission des Nations Unies de l’Information et de la Redevabilité pour la Santé de la Femme et de l’Enfant et sont aussi au centre de l’engagement de l’UNICEF en faveur de la survie de l’enfant dans la publication « A Promise Renewed » [une promesse renouvelée]. [1] Plusieurs résolutions de l'Assemblée mondiale de la Santé et du Comité régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale abordent par ailleurs ces deux domaines.
Quel est le problème ?
On estime que 923 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année dans la Région. La mortalité des enfants de moins de cinq ans n'a diminué que de 41 % depuis 1990, passant de 99 décès pour 1000 naissances vivantes à 58 pour 1000 naissances vivantes en 2011. Sur le nombre total des décès d'enfants de moins de cinq ans, 82 % surviennent dans six pays (Afghanistan, Pakistan, Somalie, Soudan, Soudan du Sud et Yémen).[2]
D’après une série d’estimations, six pays de la Région sont déjà parvenus à des taux de réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans qui vont au-delà des cibles fixées pour l’OMD 4, à savoir une réduction de cette mortalité de plus de deux tiers. [3] Quatre de ces pays (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Liban et Oman) ainsi que Bahreïn et le Qatar ont des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans inférieurs ou égaux à 10 pour 1000 naissances vivantes. Cinq autres pays de la Région, dont l’Égypte et le Maroc, sont en passe de réaliser l'OMD 4. Certains pays (Afghanistan et Iraq) semblent accélérer leur progrès tandis que d’autres sont au point mort (Somalie)[4] La plus forte diminution de la mortalité des enfants de moins de cinq ans dans le monde a eu lieu entre 1990 et 2010 (72 %) dans les pays de la Région qui font partie de l'Afrique du Nord, parallèlement au développement économique, aux investissements dans le domaine de l’éducation et à l’intensification des interventions fondées sur des bases factuelles..
Une importante réduction de la mortalité rougeoleuse a été réalisée et huit pays sont proches de l’élimination de la rougeole. La cible régionale du PEV, à savoir atteindre une couverture de 90 % pour la troisième dose du vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux (DTC), a été atteinte dans 16 des 23 pays. Les vaccins contre les principales maladies mortelles de l’enfance, à savoir les vaccins anti-Hib, antipneumococcique et antirotavirus, sont en cours d’introduction dans un nombre croissant de pays de la Région.
Ceci étant, ces réalisations sont occultées par la lenteur des progrès et la forte charge de mortalité dans quelques pays. Compte tenu de la taille de la population et de la cohorte des naissances, et si les tendances actuelles se poursuivent, il est improbable que la Région dans son ensemble réalise l’OMD 4, à savoir une réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans de deux tiers à l’horizon 2015.
Près de 39 000 femmes en âge de procréer décèdent toujours chaque année dans la Région de la Méditerranée orientale des suites de complications liées à la grossesse. Les taux de mortalité sont particulièrement élevés parmi les adolescentes enceintes. Plus de 90 % de la charge de mortalité maternelle dans la Région est partagée par sept pays : Afghanistan, Iraq, Maroc, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen. En ce qui concerne l’OMD 5, deux pays seulement (l’Égypte et le Maroc) sont en passe de réaliser la réduction de la mortalité maternelle de trois quarts.4 D’après une série d’estimations, six pays sont en retard pour atteindre les cibles qui leur sont fixées : Djibouti, Iraq, Libye, Pakistan, Somalie et Tunisie. Des soins de santé maternelle qualifiés et la planification familiale sont reconnus comme les interventions ayant le meilleur rapport coût-efficacité qui permettent de prévenir 80 % et 30 % des décès de mères respectivement. Seuls 31 % des femmes mariées de la Région ont recours à des moyens de contraception modernes ; cette proportion est comprise entre 1 % pour la Somalie et 60 % pour la République islamique d’Iran. Entretemps, 35 % des femmes et des nouveau-nés ne bénéficient pas de soins adéquats au moment de l'accouchement.
En résumé, un seul des vingt-trois pays de la Région (l’Égypte) réalisera les OMD 4 et 5.4 La moyenne régionale pour les taux de réduction annuelle de la mortalité maternelle et infantile entre 1990 et 2010 (2 % pour le taux de mortalité des moins de cinq ans et 2,6 % pour le taux de mortalité maternelle) compte parmi les plus faibles au monde, avec ceux pour l'Afrique sub-saharienne. Il est improbable que la Région réalise les OMD 4 et 5 d’ici 2015 à moins que des progrès intensifs et accélérés ne soient réalisés, en particulier dans les pays qui représentent une part importante des décès d'enfants de moins de cinq ans..
Défis et opportunités au plan régional
La Région de la Méditerranée orientale compte des défis uniques qui ont un effet sur les résultats en termes de santé, de nutrition et de développement. Un nombre important de pays, notamment les quatre principaux pays qui ont la plus forte charge de mortalité des mères et des enfants, sont aussi en proie aux conflits armés et aux insurrections et doit faire face à d’importants déplacements de populations à divers moments. Certains de ces pays ont en outre connu des situations d’urgence humanitaire ces dernières années. On observe des signes d’une diminution des engagements financiers des donateurs et des pays du fait de la crise financière mondiale. 4 Il y a par ailleurs des défis qui concernent des problèmes pouvant être uniques pour la Région. Ceci inclut le nombre disproportionné de familles consanguines et de troubles génétiques. En outre, la Région a la plus forte charge de dénutrition de la mère et de l'enfant qui est associée, dans bien des cas, au développement rapide des problèmes de l'obésité et des maladies non transmissibles.
Nonobstant les défis susmentionnés, il existe d’importantes possibilités d’accélérer les progrès. Certains éléments montrent ce qui devrait être fait, à savoir mettre en œuvre des interventions de santé génésique, maternelle, infanto-juvénile qui soient d'un bon rapport coût-efficacité et adaptées aux besoins des pays, et les raisons pour lesquelles il est important d’investir dans ce type d’interventions, c’est-à-dire l'impact qu’auront les interventions sur la santé des mères et des enfants.
Il existe d’importants exemples de réussites nationales dans la Région en ce qui concerne la mise en œuvre de ces interventions et les stratégies pour y parvenir. Par exemple, l’Égypte a réalisé la couverture universelle par la prise en charge intégrée des maladies de l’enfance et une forte couverture pour les interventions de santé maternelle. La République islamique d’Iran a intensifié les soins de santé primaires pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants en s'appuyant sur le succès des agents de santé communautaires. Pourtant, dans certains pays, notamment ceux qui ont un taux de mortalité maternelle élevé, les stratégies de mise en œuvre demeurent limitées et inefficaces en partie du fait de l'insuffisance du soutien et de la direction politiques, de l'accès restreint et inégal aux soins, de la faiblesse des systèmes de santé, de la limitation des compétences des personnels et de la capacité insuffisante à suivre les progrès ainsi que les résultats et les ressources. Le défi auquel doivent faire face maintenant les pays gravement touchés de la Région concerne la manière de réaliser la couverture universelle pour les interventions efficaces tout en optimisant les investissements et en renforçant la responsabilisation pour améliorer la santé des femmes et des enfants.
Il faut en outre faire remarquer que les changements concernant la survie des mères et des enfants dans le temps traduisent des investissements effectués dans plusieurs secteurs dans de nombreux pays, nécessitant des interventions qui touchent divers déterminants sociaux de la santé tels l'éducation des femmes, l'autonomisation, la réduction de la pauvreté, les investissements dans les systèmes de santé et la bonne gouvernance. Ces investissements sont cruciaux dans le contexte de la prise en compte de la gamme des politiques du secteur social et du programme d'action dans le domaine du développement humain dans la Région.
Engagements
Il existe des perspectives inédites d’accélérer les progrès concernant l'amélioration de la santé des femmes et des enfants. Des dirigeants de la Région, en l’occurrence de l’Afghanistan, de Djibouti, du Soudan, du Soudan du Sud et du Yémen, se sont engagés à mettre en œuvre la Stratégie mondiale des Nations Unies pour la santé de la femme et de l’enfant. Les institutions des Nations Unies, représentées par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA, l’ONUSIDA, ONU Femmes et la Banque mondiale (H4+) travaillent de concert pour soutenir la mise en œuvre de ces engagements. La Commission de l’ONU visant à améliorer l’accès aux médicaments de base pour les femmes et les enfants a effectué des recommandations pour améliorer l’accès des mères et des enfants aux médicaments et produits essentiels. Plus récemment, plus de 150 pays se sont engagés, dans la publication « A promise Renewed », à prendre des mesures pour accélérer les progrès en matière de survie des nouveau-nés, des enfants et des mères (Washington, juin 2012) et pour améliorer l'accès aux services de planification familiale pour les femmes et les filles (Londres, juillet 2012). [5]
On reconnaît sans aucun doute que les gains réalisés en matière de survie de l’enfant au fil du temps dépendent de la fourniture d’un accès équitable aux populations qui en ont le plus grand besoin. Le récent appel à la fourniture des soins de santé universels constitue une étape importante dans cette direction et représente une énorme opportunité de changement. Le rapport de la Commission de l’Information et de la Redevabilité pour la Santé de la Femme et de l’Enfant fournit un cadre d’action aux États Membres. Ces opportunités ne porteront leur fruit que si un engagement est pris au plus haut niveau par tous les dirigeants et si cet engagement se traduit en mesures concrètes. Cependant, un nombre trop important de femmes et d'enfants perdent leur vie du fait d'affections ou de maladies évitables alors que la date butoir pour réaliser les OMD s’approche très rapidement. Le savoir-faire pour l’action est en tout cas disponible. Maintenant, il est donc nécessaire d’agir de toute urgence pour satisfaire tous les engagements envers les femmes et les enfants et œuvrer de concert pour faire en sorte de donner une chance à chaque mère et chaque enfant.
Prochaines étapes
Reconnaissant le besoin impérieux d’agir, le Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale a fixé des priorités pour la santé des femmes et des enfants et a appelé à l’organisation d’une réunion de haut niveau sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, en collaboration avec les partenaires. Cette réunion sera l’occasion de passer les progrès en revue, d’identifier les goulets d’étranglement, de définir les orientations futures et de prendre des engagements, y compris pour le soutien au moyen de l'investissement nécessaire. Cette manifestation d’une durée de deux jours sera organisée par l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA et les partenaires et fera suite à un travail préparatoire ciblé dans les pays. Elle fournira une plateforme pour un dialogue entre dirigeants pour ce qui concerne les points suivants :
- Améliorer le profil de la santé de la mère, de l’adolescent et de l’enfant (nouveau-nés y compris) et intensifier les engagements dans ce domaine ;
- Faciliter le dialogue politique pour accélérer l’action sur la voie de la réalisation de l'accès universel aux services de santé maternelle, adolescente, infanto-juvénile dans la Région;
- Examiner des ensembles fondés sur des bases factuelles pour des stratégies de mise en œuvre et de prise en charge tout au long du continuum des soins et parvenir à un consensus à ce sujet;
- Mettre en place une commission régionale de haut niveau pour les femmes et les enfants. Cette commission sera chargée du suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre, le plaidoyer et la mobilisation des ressources, et de rendre les pays responsables de l'amélioration de la vie des femmes et des enfants.
Résultats escomptés
- Engagements accrus des dirigeants de la Région vis-à-vis de l’amélioration de la santé des mères et des enfants (y compris les nouveau-nés) dans un avenir prévisible et en conformité avec les nouveaux objectifs mondiaux ;
- Déclaration régionale sur la santé de la mère et de l’enfant avec des engagements définis ;
- Mise en place d’une commission régionale sur la santé de la mère et de l’enfant ;
- Accord sur les mécanismes de coordination pratiques pour accélérer les progrès sur la voie de la réalisation des OMD 4 et 5 dans les pays de la Région de la Méditerranée orientale ;
- Engagement accru des partenaires à l’appui d’une action accélérée pour la santé de la mère et de l’enfant dans la Région.
Participants
Des personnalités de premier plan, y compris des responsables de haut niveau dans les États Membres et des partenaires essentiels, des parlementaires, des ministres de la Santé, de l’Éducation supérieure et de la Planification, des représentants d’organismes régionaux et des parties prenantes, y participeront.
[1] Committing to child survival: A Promise Renewed, UNICEF, 2012.
[2] Sur la base des prévisions du Groupe interinstitutions des Nations Unies sur l’estimation de la mortalité de l’enfant, Levels and trends in child mortality. Report of 2012.
[3] Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Liban, Oman et Tunisie.
[4] Every woman, every child: from commitments to action. The first report of the independent Expert Review Group (IERG) on Information and Accountability for Women’s and Children’s Health. WHO 2012. [Chaque femme, chaque enfant : de l’engagement à l’action. Premier rapport du Groupe d’examen indépendant d’experts sur l’information et la redevabilité pour la santé de la femme et de l’enfant (IERG) – Résumé d’orientation en français uniquement].
[5] Conférence sur la survie de l’enfant : Appel à l’action, organisée à Washington DC les 14-15 juin 2012, durant laquelle des engagements ont été pris par les dirigeants de l’Afghanistan, de Djibouti, de l’Égypte, de l’Iraq, du Gouvernement régional du Kurdistan, du Pakistan et du Yémen, et Sommet sur la planification familiale, organisé à Londres en juillet 2012.