Le tabac tabac pour pipe à eau
Dans de nombreux pays, on utilise la pipe à eau, ou narguilé, pour fumer du tabac. C’est notamment le cas dans la Région de la Méditerranée orientale où ce dispositif est également connu sous les noms de shisha (ou chicha), goza, arguileh, ghelyan ou houka.
Il consiste à placer un produit du tabac dans un petit bol, dont le fond est percé de plusieurs orifices, fixé sur un tube relié à un réservoir d’eau. Chauffé par du charbon brûlant posé dessus, le produit du tabac émet de la fumée que le consommateur inhale en soufflant à travers un tuyau relié au réservoir, ce qui fait pénétrer la fumée dans l’eau puis dans ses poumons.
Risques pour la santé liés à la consommation de tabac pour pipe à eau
La consommation de tabac pour pipe à eau est aussi nocive pour la santé que celle par cigarette. Toutefois, les risques sanitaires associés à la consommation de tabac pour pipe à eau sont souvent mal compris des consommateurs. Nombreux sont ceux qui pensent, par exemple, que la fumée est purifiée lors de son passage dans l’eau. La consommation de tabac pour pipe à eau n’est pas une alternative sans risque à la cigarette, et il n’est en aucun cas démontré qu’un dispositif ou accessoire quel qu’il soit peut rendre cette forme de tabagisme plus sûre.
L’utilisation d’un narguilé pour fumer du tabac peut avoir des effets délétères sur la santé des consommateurs et celle de ceux exposés à la fumée émise. Il est important de garder à l’esprit les points suivants :
Le tabac pour pipe à eau présente une teneur en nicotine nettement supérieure à celle des cigarettes. Un foyer de tabac non aromatisé contient l’équivalent en nicotine de 70 cigarettes.
Le tabac pour pipe à eau renferme également de nombreuses toxines connues pour provoquer, entre autres, des maladies pulmonaires et cardiaques ainsi que des cancers. Même après avoir traversé l’eau, la fumée produite par un narguilé contient des taux élevés de composés toxiques, dont du monoxyde de carbone, des métaux lourds et des substances chimiques cancérigènes. Lorsqu’une personne utilise un narguilé, généralement pendant une heure, elle inhale 100 à 200 fois le volume de fumée inhalé avec une seule cigarette.
Les combustibles utilisés pour chauffer le narguilé, notamment les braises ou le charbon de bois, produisent des toxines à forte teneur en monoxyde de carbone, métaux lourds et substances chimiques cancérigènes. La fumée secondaire provenant des narguilés est un mélange de fumée de tabac et de fumée du combustible et de ce fait présente un risque sérieux pour ceux qui l’inhalent, en particulier les enfants. L’utilisation du narguilé ou l’exposition à la fumée secondaire qui en émane peut également avoir des effets indésirables au cours de la grossesse.
L’utilisation du narguilé est associée à des bronchites et des maladies respiratoires chroniques. Elle favorise également la transmission des virus de l’hépatite et de l’herpès, et 17 % des cas de tuberculose observés dans la Région lui sont imputables.
Augmentation de la consommation de tabac pour pipe à eau
Le tabac pour pipe à eau est très addictif et sa consommation dans la Région augmente rapidement, en particulier chez les jeunes et les femmes. La Région présente un des taux généraux de consommation des produits du tabac autres que la cigarette (dont le tabac pour pipe à eau) les plus élevés au monde, puisqu’elle concerne 14 % des jeunes garçons entre 13 et 15 ans (contre 7 % pour la consommation de cigarettes) et 9 % des jeunes filles entre 13 et 15 ans (contre 7 % pour la consommation de cigarettes). Ces taux sont parfois même supérieurs dans certains pays de la Région. Dans de nombreux pays, la proportion de femmes et de jeunes qui consomment d’autres produits du tabac est plus élevée que celle de ceux qui fument des cigarettes.
Cette augmentation découle d’une perception erronée selon laquelle les produits du tabac comme le tabac pour pipe à eau seraient moins nocifs que la cigarette. Le narguilé n’est pas une alternative sans risque à la cigarette. Toutefois, les risques sanitaires associés à la consommation de tabac pour pipe à eau sont souvent mal compris des consommateurs.
Tabac pour pipe à eau et marketing
Dans de nombreux pays, fumer le narguilé commence à faire partie d’un nouveau style de vie, devenant une façon très populaire de passer du temps avec ses amis et d’avoir une activité sociale. Plébiscitée comme étant à la mode et sophistiquée, cette pratique est également parfois décrite comme une activité traditionnelle, faisant ainsi appel au sentiment identitaire et au sens du patrimoine. Le tabac pour pipe à eau se décline dans différents arômes sucrés (pomme, framboise, raisin, cerise, menthe ou encore cappuccino), qui peuvent s’avérer particulièrement attractifs pour les jeunes et les femmes.
Le tabac pour pipe à eau n’est pas aussi réglementé que la cigarette. Dans la plupart des pays, aucune mise en garde sanitaire ne figure sur les paquets de mélanges de tabac destinés à une consommation par pipe à eau. renforçant ainsi l’idée que ce type de produit est relativement inoffensif par rapport à la cigarette. Le paquet de certains mélanges de tabac pour pipe à eau indique parfois que le produit ne contient pas de goudron, affirmation exacte d’un point de vue technique, mais trompeuse, car le goudron est produit par la combustion du tabac.
Bonnes pratiques et orientations futures
Le tabac pour pipe à eau doit être soumis aux mêmes réglementations que la cigarette et les autres produits du tabac. Ceci implique l’application de l’Article 9 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac sur la réglementation de la composition des produits du tabac, de l’Article 10 sur la réglementation des informations sur les produits du tabac à communiquer, et de l’Article 11 sur le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac.
La consommation de tabac pour pipe à eau doit faire partie intégrante des efforts de lutte antitabac. Cela comprend :
L’interdiction des allégations et des étiquetages trompeurs qui font état d’une nocivité moindre et de l’absence de risque.
L’impression de mises en garde sanitaires sur les paquets de tabac pour pipe à eau.
Une interdiction de la consommation de tabac pour pipe à eau dans les lieux public cohérente avec les restrictions applicables à la cigarette.
La formation des professionnels de la santé et accueillant du public sur les risques inhérents à la consommation de tabac pour pipe à eau, y compris à l’exposition à la fumée secondaire.
Des interventions en faveur du sevrage auprès des consommateurs de tabac pour pipe à eau.