Tabac sans fumée
Le tabac sans fumée est consommé dans de nombreux pays, notamment dans la Région OMS de Méditerranée orientale. Le tabac est généralement découpé en petits morceaux puis humidifié pour être ensuite mastiqué ou gardé en bouche entre la gencive et l’intérieur de la joue.
Le tabac à mâcher est parfois mélangé à d’autres substances comme des herbes, des épices, de la noix d’arec, de la feuille de bétel ou de l’hydroxyde de calcium. On le trouve sous différentes formes telles que le paan, le naswar, le chalia/supari et le gutka. Le gutka est un tabac sans fumée à mâcher disponible dans le commerce. Doux et aromatisé, ce mélange sec est de plus en plus prisé par les jeunes et les femmes dans certains pays.
Risques pour la santé liés à la consommation de tabac sans fumée
Fortement addictif, le tabac sans fumée est très mauvais pour la santé. La nicotine présente dans le tabac sans fumée est absorbée plus facilement que lorsqu’on fume une cigarette, ce qui la rend d’autant plus addictive. Le tabac sans fumée contient de nombreuses substances toxiques, et sa consommation accentue le risque de cancer de la tête, du cou, de la gorge, de l’œsophage et de la cavité buccale (notamment de cancer de la bouche, de la langue, des lèvres et des gencives) ainsi que de diverses maladies dentaires.
Au Pakistan, où le taux de consommation de tabac sans fumée est élevé (et supérieur à celui de la cigarette), la proportion de cancers est parmi les plus importantes, significativement supérieure à celle des autres pays de la Région. Le cancer de la bouche est dans ce pays la deuxième forme de cancer après le cancer du sein. Le taux de cancer chez les consommateurs de tabac sans fumée est bien plus élevé que chez les non consommateurs.
Le gutka a été fortement incriminé dans l’augmentation de la prévalence des fibroses buccales sous-muqueuses, une affection maligne incurable, très handicapante. Cette hausse est particulièrement observée chez les jeunes, même après une courte durée de consommation.
Augmentation de la consommation de tabac sans fumée
La consommation de tabac sans fumée augmente rapidement, en particulier chez les jeunes et les femmes. La Région présente un des taux généraux de consommation des produits du tabac autres que la cigarette (dont le tabac sans fumée) les plus élevés au monde, puisqu’elle concerne 14 % des jeunes garçons entre 13 et 15 ans (contre 7 % pour la consommation de cigarettes) et 9 % des jeunes filles entre 13 et 15 ans (contre 2 % pour la consommation de cigarettes). Ces taux sont parfois même supérieurs dans certains pays de la Région. Dans de nombreux pays, la proportion de femmes et de jeunes qui consomment d’autres produits du tabac est plus élevée que celle de ceux qui fument des cigarettes.
Cette augmentation découle d’une perception erronée selon laquelle les produits du tabac comme le tabac sans fumée seraient moins nocifs que la cigarette. Le tabac sans fumée n’est pas une alternative sans risque à la cigarette. Toutefois, les risques sanitaires associés à la consommation de tabac sans fumée sont souvent mal compris des consommateurs.
Tabac sans fumée et marketing
L’industrie du tabac met de plus en plus de tabac sans fumée sur le marché. Sa stratégie implique notamment de commercialiser ce produit auprès des fumeurs de cigarettes, comme une alternative dans les situations où il est interdit de fumer. Il s’adresse également aux jeunes, dont il facilite les débuts en tant que consommateurs. En effet, il est souvent plus compliqué pour eux de se procurer des cigarettes que du tabac sans fumée qui, de surcroît, est plus facile à consommer sans attirer l’attention.
Le tabac sans fumée n’est pas aussi réglementé que la cigarette. Dans la plupart des pays, les paquets de tabac sans fumée ne portent aucune mise en garde sanitaire, renforçant ainsi l’idée que ce type de produit est relativement inoffensif par rapport à la cigarette.
Bonnes pratiques et orientations futures
Le tabac sans fumée doit être soumis aux mêmes réglementations que la cigarette et les autres produits du tabac. Ceci implique l’application de l’Article 9 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac sur la réglementation de la composition des produits du tabac, de l’Article 10 sur la réglementation des informations sur les produits du tabac à communiquer, et de l’Article 11 sur le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac.
La consommation de tabac sans fumée doit faire partie intégrante des efforts de lutte antitabac. Cela comprend :
L’interdiction des allégations et des étiquetages trompeurs qui font état d’une nocivité moindre et de l’absence de risque.
L’impression de mises en garde sanitaires sur les paquets de tabac sans fumée.
La formation des professionnels de la santé et accueillant du public sur les risques inhérents à la consommation de tabac sans fumée.
Des interventions en faveur du sevrage auprès des consommateurs de tabac sans fumée.