En Tunisie, la leishmaniose cutanée zoonotique due à L. major est un problème de santé publique majeur. Les espèces réservoirs comprennent les rongeurs Psammomys obesus, Meriones shawi et Meriones libycus. Le seul vecteur connu est Phlebotomus papatasi. Des cas sporadiques de leishmaniose cutanée zoonotique dus aux variantes de L. infantum ont été signalés dans le nord du pays.
Ces quatre dernières années, on a observé une baisse de l'incidence annuelle après avoir mené des interventions de lutte. À l'heure actuelle, celle-ci est d'environ 30 cas pour 100 000 personnes. Une évaluation à plus long terme est cependant nécessaire pour confirmer cette tendance. Les activités de lutte comprennent le dépistage passif, le traitement des cas et la surveillance environnementale de l'émergence de rongeurs dans les zones où les chénopodes ont été déterrés et remplacés par des acacias.
Le parasite typique L. tropica n'a pas été identifié en Tunisie, mais une variante distinctive, MON-8, est apparue dans la région aride du sud-est tunisien, vers Tataouine. Elle a été nommée L. killicki étant donné sa spécifité enzymatique. On connaît peu d'éléments sur l'épidémiologie de cette forme, qui cause près de 30 cas par an. On pense que Ph. sergenti est le vecteur et des données secondaires indiquent une origine zoonotique.
Des amastigotes de Leishmania ont été observés chez le rongeur Ctenodactylus gondi, à proximité des habitations où vivent des personnes infectées. Des isolats de L. killicki ont récemment été trouvés chez des cas sporadiques dans les régions du sud-ouest et du centre du pays. Il faut mettre au point des outils permettant de prévenir les épidémies de leishmaniose cutanée zoonotique. Il est important d'intégrer la recherche clinique et épidémiologique aux soins de santé primaires et au niveau communautaire afin de garantir la pérennité, d'entreprendre des recherches cliniques et épidémiologiques et de renforcer les bonnes pratiques cliniques actuelles.