Le Maroc comprend plusieurs zones de végétation, révélant une diversité climatique et topographique qui influence la répartition et la densité des espèces de phlébotomes et, donc, des parasites Leishmania.
Cette complexité environnementale se reflète dans la diversité des formes de leishmaniose : L. infantum, L. major et L. tropica sont tous présents, chacun dans un domaine bioclimatique spécifique.
La leishmaniose cutanée zoonotique due à L. major est à l'origine de flambées épidémiques imprévisibles dans le sud et le sud-est du pays. Phlebotomus papatasi est le vecteur et l'espèce réservoir a été identifiée comme étant le rongeur Meriones shawi. L. major se transmet du rongeur à l'homme à la fin de la saison des phlébotomes, en septembre/octobre. Après une courte période d'incubation d'une semaine à deux mois, les lésions apparaissent chez l'homme à la fin de l'automne et cicatrisent généralement en moins de six mois. Dans le nord du pays, on observe des cas sporadiques de leishmaniose cutanée zoonotique due aux variantes de L. infantum.
Des cas de leishmaniose cutanée anthroponotique due à L. tropica surviennent dans les villes et villages du centre du pays. L'épidémiologie de la leishmaniose cutanée due à L. tropica au Maroc est bien plus complexe, et moins bien comprise, que celle de la leishmaniose viscérale et de la leishmaniose cutanée zoonotique. Dans la zone subhumide nord et ouest du Haut Atlas, on trouve différents foyers hypo-endémiques, situés entre Tadla et Agadir. Les études ont montré des écarts entre les parasites chez l'homme et les vecteurs, ce qui demande des recherches plus poussées et laisse fortement croire à une espèce réservoir inconnue.
Des études récentes ont permis d'identifier un nouveau foyer de leishmaniose cutanée anthroponotique. L'émergence de cette maladie constitue un problème de santé publique au Maroc.
Les activités de lutte comprennent la lutte antivectorielle et contre les réservoirs, le dépistage actif et passif, le traitement précoce et pris en charge des cas, l'éducation sanitaire dans les écoles et les localités ainsi que la collaboration multisectorielle (entre les ministères de l'Intérieur, de l'Agriculture et de l'Éducation). Il est indispensable d'améliorer la collaboration intersectorielle et de mener des recherches. On estime que la participation de la communauté est aujourd'hui insuffisante. L'urbanisation sauvage, dans diverses régions du pays, peut représenter un risque de transmission accrue. Dans les grandes villes présentant un risque de leishmaniose cutanée anthroponotique, il est fortement recommandé d'enquêter sur les phlébotomes afin d'évaluer la présence de Phlebotomus sergenti et le risque pour ces villes de devenir des foyers d'infection due à L. tropica.