L’OMS prône la solidarité pour dessiner un avenir plus sûr et en meilleure santé
29 janvier 2024, Le Caire (Égypte) – Pour marquer le soixante-quinzième anniversaire de l'Organisation mondiale de la Santé, le Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale a organisé la nuit dernière, au Grand Musée égyptien situé au Caire, un événement de réseautage et d’appréciation des partenaires et des membres du personnel sur le thème « Ensemble, dessinons un avenir plus sûr et en meilleure santé ».
Le but était de renouveler l'engagement envers notre objectif régional commun de la Santé pour tous et par tous. L'événement a également mis en lumière les efforts déployés par l’OMS pour promouvoir les soins de santé primaires et faire progresser la couverture sanitaire universelle afin que personne ne soit laissé pour compte, même dans le contexte des situations d’urgence sanitaire en cours dans la Région.
Un grand nombre de hauts responsables représentant le Gouvernement du pays hôte du Bureau régional, l'Égypte, le corps diplomatique, d'autres entités des Nations Unies, des organismes donateurs, la Fondation pour l'OMS et des organisations non gouvernementales y ont participé.
Les invités ont été accueillis par l'équipe de hauts responsables de l'OMS menée par le Directeur régional sortant, le Dr Ahmed Al-Mandhari, ainsi que la Directrice régionale élue, la Dre Hanan Balkhy.
Dans son allocution de bienvenue, le Dr Al-Mandhari a souligné l'importance vitale de la continuité des actions, de la solidarité et de l'unité pour réaliser la Santé pour tous et par tous : « Alors que nous commémorons les soixante-quinze années d'efforts déployés pour promouvoir la santé, assurer la sécurité dans le monde et servir les personnes vulnérables, nous devons continuer à œuvrer ensemble afin de construire un avenir dans lequel le droit à la santé sera un acquis. Au cours des cinq années durant lesquelles j'ai occupé le poste de Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale, j'ai pu voir de mes propres yeux l'impact de la fragilité des systèmes de santé sur les communautés et la façon dont des vies peuvent être bouleversées en un clin d'œil. J'ai également constaté le pouvoir qu'ont les systèmes de santé fonctionnels pour améliorer les conditions de vie »
Une sélection d'œuvres d'art réalisées par des enfants de différents pays de la Région et inspirées par la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l'OMS a été exposée. Les invités ont également pu découvrir une sélection de photographies reflétant le travail de l'OMS sur le terrain, en particulier dans les situations d'urgence.
Une session spéciale sur la couverture sanitaire universelle a donné aux invités un aperçu des quarante-cinq années consacrées à la promotion des soins de santé primaires dans la Région de la Méditerranée orientale. Cette session était animée par des experts de haut niveau du Siège et du Bureau régional de l'OMS.
En reconnaissance de la généreuse hospitalité de l'Égypte à l'égard du Bureau régional depuis 1949, un prix spécial de reconnaissance à l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de l’OMS a été décerné à ce pays, représenté par le Dr Mohamed Awad Tag-El Din, Conseiller du Président égyptien pour les questions de santé, et le Dr Amr Kandil, Ministre adjoint de la Santé et de la Population.
Tous les Directeurs régionaux de l'OMS pour la Méditerranée orientale de 1949 à ce jour ont été récompensés lors de cet événement pour leur services rendus à la santé publique. Par ce geste, l'Organisation rend hommage au passé et au rôle que les dirigeants successifs de l'OMS ont joué pour assurer à la Région un avenir plus sûr et en meilleure santé.
Les Directeurs régionaux qui ont été récompensés sont les suivants :
Dr Aly Tewfik Shousha, 1949-1957
Dr Abdul Hussein Taba, 1957-1982
Dr Farouk Partow (Directeur régional par intérim), 1982
Dr Hussein A. Gezairy, 1982-2012
Dr Ala Alwan, 2012-2017
Dr Mahmoud Fikri, 2017
Dr Jaouad Mahjour (Directeur régional par intérim), 2017-2018
Dr Ahmed Al-Mandhari, 2018-2024
Dans son allocution de clôture, la Dre Balkhy, Directrice régionale élue, a souligné la nécessité de préserver les soins de santé et de les rendre plus accessibles et abordables, même dans le contexte des situations d'urgence et pour les personnes vivant dans des zones difficiles d'accès.
La Dre Balkhy a mis en avant les capacités et les opportunités considérables de la Région : « Les nombreux exemples de réussite obtenus par le passé m'encouragent, le dernier en date étant l'obtention par l'Égypte du statut de pays ayant atteint le niveau d’excellence sur la voie de l’élimination de l’hépatite C. En œuvrant ensemble, nous pouvons reproduire et généraliser de telles avancées dans toute la Région de la Méditerranée orientale, y compris l'éradication et l'élimination de la poliomyélite, des maladies tropicales négligées, du VIH/SIDA, de la tuberculose et du paludisme. »
L’Art pour la santé, un concept élaboré par l'OMS, a été présenté lors de cet événement. Cette approche est axée sur la manière d'utiliser l'art comme plateforme pour accroître la sensibilisation aux questions de santé, renforcer les comportements favorables à l'amélioration de la santé et du bien-être, et promouvoir les messages dans ce domaine. Les campagnes sont planifiées autour du thème « La Santé pour tous. L'Art pour la santé ».
Ce fut également l'occasion idéale de mettre en lumière la Fondation pour l'OMS, une fondation indépendante créée pour mobiliser des ressources à l'appui de la mission de l'OMS, qui consiste à promouvoir la santé, à assurer la sécurité dans le monde et à servir les personnes vulnérables.
Cet événement, qui marque le soixante-quinzième anniversaire de l'OMS en célébrant le lien entre l'art et la santé, a été rendu possible grâce au soutien généreux du Grand Musée égyptien, de sa société de gestion, Legacy, et du maestro Omar Khairat, musicien égyptien de renom, dont la prestation envoûtante a fait de cette soirée un moment inoubliable.
Dre Hanan Balkhy nommée Directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale
23 janvier 2024, Genève – Le Conseil exécutif de l’OMS, qui tient en ce moment sa cent cinquante-quatrième session à Genève, a nommé la Dre Hanan Balkhy, de nationalité saoudienne, Directrice régionale de l'OMS pour la Méditerranée orientale. Cela fait suite à sa désignation par le Comité régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale le 10 octobre 2023.
La Dre Balkhy prendra ses fonctions le 1er février 2024, pour un mandat de cinq ans. Elle sera la première femme à occuper le poste de Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.
Dans son discours d'acceptation, la Dre Balkhy a évoqué les nombreux défis auxquels le monde est confronté, dont les conséquences sur la santé sont considérables. En plus des changements géopolitiques mondiaux et de l'augmentation du nombre et de la fréquence des situations d'urgence, exacerbées par des événements climatiques graves, il y a des enseignements que l'on ne peut ignorer dans le contexte de reprise mondiale après la pandémie de COVID-19.
« Ces défis soulignent l'interconnexion indéniable qui existe entre la santé et le climat, et mettent en évidence le fait que toute crise humanitaire est en soi une crise sanitaire. » a-t-elle déclaré.
La Dre Balkhy a fait remarquer que sans la paix, la réalisation des objectifs en matière de santé reste une perspective lointaine, et qu'elle nécessitera une diplomatie sanitaire efficace et un engagement renouvelé tant au niveau mondial que local.
Elle a également indiqué que la Région de la Méditerranée orientale de l'OMS présente une grande diversité, avec des économies fortes et des contextes stables, mais aussi des niveaux élevés de fragilité, d'importantes populations déplacées et abrite une part élevée de la population mondiale ayant besoin d'une aide humanitaire, notamment au Soudan et dans le territoire palestinien occupé.
« Dans ce contexte, garantir la Santé pour tous exige des approches innovantes et tournées vers l'avenir, fondées sur des données probantes » a déclaré la Dre Balkhy.
La nouvelle Directrice régionale a souligné la nécessité d'accorder la priorité à l'accès à des systèmes de santé performants et résilients et à l'investissement dans ces derniers. Elle a évoqué les principales priorités et initiatives que le Bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale mettra en œuvre.
« Mon équipe se concentrera sur deux domaines essentiels alignés sur le treizième programme général de travail (PGT) et sur les cinq priorités de ma campagne, par anticipation de la mise en œuvre du quatorzième programme général de travail » a ajouté la Dre Balkhy. « Notre objectif est de renforcer les chaînes d'approvisionnement de bout en bout, en veillant à ce que les médicaments et les fournitures essentiels parviennent à toutes les populations ; une tâche qui n'est pas facile pour de nombreux pays de la Région. »
La Dre Balkhy a remercié le Directeur général de l'OMS, les États Membres de la Région de la Méditerranée orientale et le Conseil exécutif pour leur confiance. Elle s'est engagée à œuvrer sans relâche à la réalisation de l'objectif commun de la Santé pour tous. Elle a également remercié le Directeur régional sortant, le Dr Ahmed Al-Mandhari, pour son leadership avisé en ces temps difficiles.
« Pour atteindre notre objectif commun de la Santé pour tous, je souhaite poursuivre notre partenariat et je m'engage à faire preuve d'un dévouement sans faille dans notre entreprise collective » a affirmé la Dre Balkhy. « L'OMS, en tant que principal organisme sanitaire mondial, jouera un rôle essentiel dans la réalisation de la Santé pour tous, mais nous ne pourrons y parvenir qu'en œuvrant ensemble et en étant solidaires les uns des autres »
Note aux rédactions
La Dre Hanan Balkhy est née en Arabie saoudite. Elle occupait le poste de Sous-Directrice générale de l’OMS chargée de la résistance aux antimicrobiens au Siège de l'OMS depuis 2019.
Jusque là, la Dre Balkhy a occupé d’autres postes de haut niveau dans le domaine de la médecine, ainsi que dans la recherche médicale et en santé, plus particulièrement en ce qui concerne les questions de santé publique.
Elle possède une solide expérience dans le domaine de la santé publique aux niveaux national, régional et international. À l'échelle nationale, elle a été la première Directrice exécutive du programme de lutte anti-infectieuse au ministère des Affaires sanitaires de la Garde nationale en Arabie saoudite.
Pendant plus de 10 ans, elle a dirigé avec succès le Centre de lutte contre les infections du Conseil de coopération du Golfe et le Centre collaborateur de l’OMS pour la lutte anti-infectieuse et la résistance aux antimicrobiens à Riyadh (Arabie saoudite). Cette expérience a abouti à sa nomination en tant que première Sous-Directrice générale chargée de la résistance aux antimicrobiens à l’OMS.
Venez à la rencontre des héros qui assurent le fonctionnement de notre système d'intervention d'urgence
Épisode 4
5 Décembre 2023 - Un samedi matin ordinaire à Khartoum, au Soudan, pendant le mois sacré de Ramadan, j’ai été réveillée en sursaut par un bruit assourdissant et le tremblement de la maison. Depuis le toit, j’ai vu le spectacle saisissant d’un avion de combat passant au-dessus de moi et de l’épaisse fumée qui s’élevait au loin. Le bruit est devenu de plus en plus fort, de plus en plus agressif, horrible. Une bombe est tombée sur la maison de mon voisin. Un conflit armé avait éclaté entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide. Je ne pouvais pas croire ce que je voyais.
Cherchant à nous mettre en sécurité, ma nièce, mon petit-neveu de six ans et moi-même avons rejoint la maison familiale. Là, blottis les uns contre les autres dans le salon, nous avons vécu les six jours et les six nuits les plus éprouvants de notre vie, avec des bombardements incessants et des obus qui tombaient à proximité. L’électricité a été coupée et nos provisions d’aliments et d’eau sont tombées à un niveau très bas. Une balle est passée à quelques centimètres seulement de l’un d’entre nous et a laissé un trou dans le mur de la cuisine. Nous avons vécu des journées de terreur et des nuits agitées où nous n’avons pas pu dormir.
Il s’agissait de la maison où mes frères et sœurs et moi-même avons grandi, où nous nous sommes mariés et où nous avons fondé nos familles. C’est aussi là que nos parents sont enterrés. Pourtant, la décision de quitter notre maison et la capitale était inéluctable et nous nous sommes organisés pour déménager à Wad Madani, une ville de l’État de Gezira.
Comme de si nombreuses autres familles soudanaises, nous avons tout laissé derrière nous et avons entrepris un trajet extrêmement risqué pour nous mettre à l’abri, en espérant revenir après la fin des combats. C’était le jour de l’Aïd quand nous avons quitté l’État de Khartoum. Nous avons été immensément soulagés de nous sentir à nouveau en sécurité, mais nous avions également conscience d’être à présent des personnes déplacées.
Au onzième jour du conflit, j’ai reçu un appel d’un collègue de l’OMS proposant une réunion d’urgence avec certains partenaires et le ministère de la Santé de l’État de Gezira afin d’aborder les graves conséquences de la guerre sur le système de santé. La visite des hôpitaux de la région a révélé l’ampleur des souffrances : une foule immense de patients, pour la plupart sous dialyse, luttait pour survivre.
Nous formions un groupe d’environ 10 membres du personnel de l’OMS, tous déplacés vers Wad Madani. La priorité immédiate était l’arrivée et la distribution de fournitures aux établissements de santé. Le ministère de la Santé, les hôpitaux et les partenaires attendaient tous avec impatience les kits de prise en charge des traumatismes et les trousses sanitaires d'urgence pour restaurer leurs stocks qui s’amenuisaient rapidement.
Nous avons défini trois objectifs initiaux pour l’équipe : premièrement, recevoir les fournitures de Port-Soudan et les distribuer aux établissements et aux partenaires ; deuxièmement, établir un centre d’opérations à Gezira et troisièmement, mettre en place le plan d’intervention sanitaire de l’OMS pour assurer la fourniture de services essentiels. Tous ont été atteints.
Pendant que j’exerçais mes fonctions humanitaires, la profonde tristesse que j’éprouvais pour ce qui était arrivé à ma ville ne m’a jamais quitté. La moitié de ma famille étant toujours à Khartoum, je me précipitais toujours pour suivre les nouvelles à la télévision dès que l’électricité était rétablie. À chaque fois, j’ai eu le cœur brisé à la vue de mon pays à l’écran.
Être directement impliquée, voir souffrir les patients, entendre les récits des amis proches et des voisins et être témoin de la détresse d’autres personnes déplacées m’a donné la force d’aider par tous les moyens, même au-delà de mes attributions professionnelles. Une émotion considérable a animé avec passion chaque détail de l’opération La joie d’apporter de l’aide, aussi modeste soit-elle, est indescriptible.
Environ un mois après mon déplacement, j’ai été affectée en tant que Responsable au Centre d’opérations de l’OMS à Gezira, et l’équipe s’est étoffée. Les collègues qui arrivaient avaient tous connu des situations de déplacement similaires, avec leurs familles dispersées et des situations financières extrêmement difficiles du fait des perturbations du système bancaire. Le centre est devenu plus une famille qu’une équipe de travail au fil des nombreuses difficultés que nous avons affrontées ensemble. Nous aurions pu choisir de fuir le pays – une décision totalement justifiable compte tenu des circonstances – mais nous avons tous estimé qu’il était de notre devoir de rester et d’aider les personnes dans le besoin.
Travailler en première ligne lors d’interventions d’urgence exige d’être pleinement conscient de l’importance des actions immédiates et d’avoir une parfaite connaissance des besoins des personnes. Cela nécessite aussi une solide détermination, de la patience et de la passion. Percevoir la douleur des autres est nécessaire pour nous motiver et mener à bien les interventions malgré nos propres difficultés.
Cette expérience profondément personnelle et extrêmement difficile en tant qu’humanitaire au Soudan pendant la guerre a complètement changé ma vie.
Déclaration du Directeur régional sur la crise sanitaire au Soudan
21 november 2023 – L’attention mondiale étant à présent tournée vers la situation terrifiante à Gaza, nous ne devons pas oublier que le peuple soudanais continue de subir des souffrances d’une ampleur tout aussi catastrophique.
Les chiffres en provenance du Soudan sont vertigineux : près de 25 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et 11 millions d’une assistance sanitaire d’urgence. Plus de 20 millions de personnes ont maintenant atteint des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et un enfant de moins de cinq ans sur sept au Soudan souffre de malnutrition aiguë. Quelque 4,2 millions de femmes, de filles et de membres des populations vulnérables sont confrontés au risque de violence sexiste – qui peut être mortelle – et n’ont qu’un accès limité, voire inexistant, à des services de protection et de soutien.
Alors que les combats se poursuivent sans relâche dans les principales régions du pays, en particulier celles du Darfour, du Kordofan et de Khartoum, les derniers chiffres officiels que nous avons reçus le 3 novembre font état de 32 679 personnes blessées. Le nombre réel de blessés est probablement beaucoup plus élevé, car de nombreuses zones sont à présent extrêmement difficiles d’accès en raison de l’insécurité. Selon les estimations, 70 % des hôpitaux situés dans les États touchés par le conflit ne sont plus opérationnels et les hôpitaux restants sont submergés par l’afflux de personnes en demande de soins, qui sont pour beaucoup des personnes déplacées. Les enfants représentant environ la moitié des 6,3 millions de personnes contraintes de fuir la violence, le Soudan est aujourd’hui le pays qui connaît la plus grande crise de déplacement d’enfants au monde.
Nous sommes gravement préoccupés par la situation au Darfour. La plupart des hôpitaux ne seraient pas opérationnels en raison des pillages, des dégâts et des pertes de personnel, tandis que l’insécurité empêche d’apporter l’aide humanitaire en toute sécurité dans la région. Près d’un demi-million de personnes, parmi lesquelles beaucoup nécessitent des soins médicaux immédiats, notamment de traumatologie, ont fui du Darfour vers le Tchad. Les bureaux de l’OMS des pays voisins du Soudan – le Tchad, l’Égypte, le Soudan du Sud, l’Éthiopie et la République centrafricaine – collaborent avec les autorités nationales et les partenaires du secteur de la santé pour assurer la fourniture des soins d’urgence, des services de santé essentiels et des services de vaccination aux milliers de personnes vulnérables qui ont fui la violence. Avec nos partenaires, nous nous efforçons d’organiser une assistance humanitaire transfrontalière fiable pour les zones les moins sûres, la principale priorité étant l’assistance fournie au Darfour occidental et central à partir du Tchad.
L’augmentation spectaculaire des besoins humanitaires est encore compliquée par la propagation rapide d’une flambée de choléra. Depuis la déclaration formelle de la flambée, le 26 septembre à Gedaref, sept États du Soudan ont signalé des cas suspects et plus de 3 millions de personnes seraient menacées. En collaboration avec les autorités sanitaires, l’OMS et ses partenaires tentent d’intensifier rapidement les efforts de riposte afin d’enrayer la propagation, notamment en formant des médecins et des personnels infirmiers à la prise en charge des cas de choléra, ainsi qu’à la prévention et au contrôle des infections. L’OMS a déjà envoyé 3,2 tonnes de kits anti-choléra, contenant notamment des médicaments, des fournitures de laboratoire et du matériel, et soutient pleinement 10 centres de traitement du choléra dans les États de Gedaref, d’Al Jazirah et de Khartoum. En collaboration étroite avec les autorités sanitaires gouvernementales et l’UNICEF, l’OMS a également apporté son soutien à la microplanification d’une campagne de vaccination contre le choléra dans neuf localités de ces mêmes États. Le 14 novembre, 2,9 millions de doses de vaccins anticholériques oraux sont arrivées par avion pour une campagne qui devrait débuter à la fin du mois dans six localités de l’État de Gedaref et ultérieurement dans une localité de l’État d’Al Jazirah et deux localités de l’État de Khartoum.
L’OMS apporte également un appui prioritaire à 80 hôpitaux des 18 États pour faire en sorte que les communautés aient accès aux services de santé essentiels, notamment aux soins obstétricaux d’urgence. Outre l’appui direct qu’elle apporte à 21 cliniques fixes ou mobiles, l’Organisation travaille avec ses partenaires pour maintenir les soins de santé primaires. L’OMS soutient également 57 centres de stabilisation nutritionnelle, grâce à la présence sur le terrain de neuf experts en nutrition de l’Organisation, tandis que des kits de traitement pour plus de 20 000 patients atteints de malnutrition aiguë sévère ont été distribués à 16 des 18 États du Soudan.
Toutefois, l’insécurité et les obstacles opérationnels compliquent toujours la livraison de fournitures et la prestation de services en temps utile, ainsi que les efforts de lutte contre les maladies. Compte tenu des 60 attaques, vérifiées par l’OMS, contre les services de santé – ciblant des hôpitaux, des cliniques, des laboratoires, des ambulances, des agents de santé et des patients – nous nous réjouissons vivement de la Déclaration d’engagements adoptée le 7 novembre à Jeddah par les parties au conflit afin de protéger les civils, de faciliter l’accès humanitaire sans entrave et d’établir un forum humanitaire pour le Soudan dirigé par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Toutefois, la moitié de ce type d’attaques ayant eu lieu depuis la première Déclaration de Jeddah signée le 11 mai 2023, l’OMS appelle instamment les parties à honorer cette promesse. Les attaques contre les services de santé doivent cesser immédiatement – elles perturbent sévèrement la prestation des soins de santé et aggravent encore une situation humanitaire déjà désespérée.
Malgré les niveaux d’insécurité élevés, l’OMS est restée sur place et a mené ses activités depuis le début de la dernière escalade du conflit au Soudan, répondant aux besoins de santé et luttant contre les nombreuses menaces pour la santé, notamment les épidémies de choléra, de rougeole, de dengue et de paludisme. Nos équipes travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues et leurs partenaires du secteur de la santé nationaux pour procurer des fournitures vitales, assurer la continuité des soins de santé essentiels, fournir des conseils spécialisés, coordonner les nombreux partenaires du secteur de la santé, organiser des formations et assurer la surveillance des maladies et la riposte aux flambées épidémiques. Depuis le 15 avril, l’OMS a livré plus de 260 tonnes de médicaments et de fournitures médicales aux autorités sanitaires nationales et à ses partenaires du secteur de la santé.
Nous remercions sincèrement nos donateurs qui nous permettent d’être aux côtés de nos frères et sœurs soudanais, manifestant ainsi notre vision régionale de « la Santé pour tous et par tous ». Cette crise majeure est cependant largement négligée par la communauté mondiale. Nous avons besoin de l’engagement renforcé et du soutien de nos donateurs afin de pouvoir amplifier notre action salvatrice au Soudan et répondre aux besoins sur le terrain complexes et en augmentation constante. Le peuple soudanais a besoin de la solidarité et de la compassion du monde comme jamais auparavant. Chaque retard coûte des vies humaines. Le monde ne peut pas oublier le Soudan. Le monde ne peut pas abandonner le Soudan.