Je vous remercie de vous joindre à nous aujourd’hui pour ce premier point de presse virtuel avec la participation de ministres de la Santé de la Région. Bien que nous vous informions généralement des derniers développements liés à la COVID-19 lors de nos points de presse bihebdomadaires, il est également important pour nous de prendre conscience des efforts considérables déployés par les pays pour riposter à la COVID-19.
Avant de passer la parole aux ministres, je voudrais vous informer rapidement de la situation actuelle dans la Région de la Méditerranée orientale.
Sur 55 millions de cas dans le monde, notre Région fait état de plus de 3,6 millions de cas de COVID-19. Il s’agit de cas signalés à l’OMS par les ministères de la Santé, qui sont généralement des cas sévères hospitalisés. Nous estimons que le nombre réel de cas confirmés dans la Région est bien plus élevé et les tendances récentes restent très préoccupantes, comme c'est le cas en Europe et dans les Amériques.
Alors que plus de 60 % de tous les cas notifiés la semaine dernière l’ont été dans trois pays – la République islamique d’Iran, la Jordanie et le Maroc – plusieurs autres pays continuent d’observer une augmentation du nombre de cas, notamment le Liban et le Pakistan. Les pays ayant notifié la plus forte augmentation du nombre de décès sont la Jordanie, la Tunisie et le Liban.
Ces tendances indiquent une fois de plus que nous avons besoin d’une approche globale pour la gestion de la pandémie : intensification continue des mesures de santé publique éprouvées, respect constant des mesures de protection individuelle connues pour leur efficacité, et application ciblée et sélective de mesures sociales, telles que le confinement. Nous ne devrions pas compter entièrement sur ces mesures pour maîtriser la pandémie.
En fait, nous observons maintenant les faiblesses liées à un recours excessif à certaines des mesures sociales restrictives qui ont été mises en place au début de la pandémie, à savoir les « confinements ». Les augmentations que nous constatons actuellement sont clairement le résultat de l'assouplissement du confinement et des restrictions, qui ont permis de contrôler la pandémie dans notre Région en juillet et en août.
Mais le confinement ne peut que limiter la transmission dans une certaine mesure. Une fois que les pays et les sociétés rouvriront, la maladie se propagera si les gouvernements ne continuent pas à mettre en œuvre efficacement des interventions de santé publique éprouvées et si les populations ne respectent pas strictement les mesures de prévention personnelles.
Au niveau régional, un groupe de travail ministériel a été mis en place pour examiner les enseignements tirés par les pays au cours des neuf derniers mois, et présenter des recommandations clés aux pays alors qu’ils adaptent et révisent leurs stratégies. Cela impliquera également une meilleure coordination entre les pays qui ont des frontières communes.
L'annonce récente concernant la mise au point d’un ou plusieurs vaccins potentiels contre la COVID-19 nous a tous donné une lueur d'espoir, mais un vaccin n'est pas la solution magique pour mettre fin à cette pandémie. Tant que toutes les personnes ne sont pas vaccinées, il existe toujours un risque que des personnes porteuses du virus puissent le transmettre à d’autres personnes.
Les mesures de prévention qui, à notre connaissance, fonctionnent bien et qui sont efficaces actuellement, y compris l’utilisation des masques, ne sont toujours pas pleinement appliquées dans notre Région. La distanciation physique, qui est l’un des moyens les plus importants pour prévenir la transmission, n’est pas strictement respectée. Dans de nombreux pays, nous constatons une détérioration préoccupante de l’observance de ces mesures et d’autres mesures de santé publique.
Bien que nous fassions confiance aux communautés pour agir afin de se protéger elles-mêmes et les autres, les pays peuvent avoir besoin de prendre des décisions difficiles et d'appliquer des mesures plus strictes pour s'assurer que leurs populations adhèrent aux mesures éprouvées qui fonctionnent.
Aujourd’hui, je voudrais dire à tous les habitants de la Région de la Méditerranée orientale qu’il n’est pas le moment de se reposer. Les enseignements tirés de l'expérience des pays d'Asie, où le nombre de cas de COVID-19 est en baisse constante, nous indiquent que l’intensification des mesures de santé publique et l’engagement des communautés sont les moyens les plus efficaces d’endiguer la propagation du virus. Nous l'avons souligné à plusieurs reprises.
Alors que les pays ont l’obligation de faire davantage pour identifier chaque cas et rechercher chaque contact, on peut affirmer que plus les populations contribuent à briser la chaîne de transmission, plus il devient facile d’identifier les cas et de contenir le virus avant qu’il ne se propage.
Quel que soit le niveau d'avancement des systèmes de santé dans notre Région, ils peinent à suivre le rythme de l’augmentation du nombre de cas. Les agents de santé en première ligne sont confrontés à des problèmes mentaux et physiques. Et les patients atteints d'autres maladies qui nécessitent des soins et des traitements médicaux sont également touchés lorsque les hôpitaux et les lits des soins intensifs se remplissent.
Outre les millions de personnes qui déplorent déjà la perte de leurs proches, des millions d'autres seront confrontées au même sort si nous n'agissons pas maintenant. Nous ne pouvons pas, et ne devons pas, attendre qu'un vaccin sûr et efficace devienne facilement disponible pour tous, parce que nous ne savons tout simplement pas quand il le sera.
Au cours des neuf premiers mois de la pandémie dans notre Région, plus de trois millions de personnes ont été infectées et 76 000 sont décédées. La vie d'autant de personnes, sinon plus, est en jeu au cours des neuf prochains mois. Nous devons non seulement empêcher que cette prémonition ne devienne réalité, mais aussi nous attaquer aux failles qui ont été révélées dans nos systèmes de soins de santé, afin d'éviter que cela ne se reproduise.
J’aimerais maintenant passer la parole à Leurs Excellences le Ministre de la Santé de Bahreïn et l’Assistant spécial du Premier Ministre du Pakistan, ainsi qu’au Directeur général de la Santé de Tunisie, pour faire leurs remarques et partager leurs idées sur la lutte contre la pandémie.