12 mars 2020, Le Caire (Égypte) - À ce jour, 9960 cas ont été notifiés dans 16 pays de notre Région, dont 366 décès signalés dans cinq pays (à 15 heures, heure locale du Caire). Presque tous les décès concernaient des patients âgés de 60 ans ou plus, ayant des affections préexistantes qui ont été aggravées lorsque les personnes concernées ont contracté le virus.
Nous sommes préoccupés par le nombre croissant de pays signalant des cas dans notre Région, en particulier ceux dont les systèmes de santé sont plus faibles. Alors qu'auparavant, la plupart des cas signalés étaient liés aux voyages, nous constatons actuellement davantage de cas de transmission locale, ce qui constitue une évolution inquiétante.
Hier, l'Organisation mondiale de la Santé a déclaré que la flambée épidémique de COVID-19 « peut être qualifiée de pandémie ». C’est la première fois qu’un coronavirus cause ce genre d’événement.
Cependant, décrire la situation comme une pandémie ne change pas les priorités de la réponse à apporter, mais souligne plutôt le fait que l'OMS et les pays devraient déployer plus d’efforts pour améliorer les mesures de prévention et de lutte, et investir davantage dans la riposte. Les pays doivent rechercher activement les cas, les isoler rapidement et les traiter, et identifier et retrouver leurs contacts. Nous devons également nous assurer que les membres de la communauté disposent d'informations sur ce qu'ils peuvent faire pour se protéger eux-mêmes et leurs familles.
Selon le contexte, certains pays et communautés peuvent suspendre les rassemblements de masse, appliquer des restrictions de voyage à court terme et/ou des mesures de quarantaine à court terme. Mais ces mesures doivent être prises suite à une évaluation objective des risques pour la santé publique et de l'impact socio-économique potentiel associés. L'ampleur et la durée de ces mesures doivent être proportionnées au risque.
En collaborant avec tous les pays, notre objectif continue de se concentrer sur la maîtrise de la propagation de la maladie et sur la protection des agents de santé et des populations et des pays à risque. Dans les pays où aucun cas n'a été signalé, nous menons des mesures de préparation agressives pour nous assurer que la maladie ne traverse pas leurs frontières.
Le partage des données via les outils de notification de l'OMS est de la plus grande importance pour garantir une bonne compréhension de la dynamique de l'épidémie dans la Région, identifier correctement les mesures de lutte à mettre en œuvre et améliorer la connaissance mondiale de cette nouvelle maladie.
Bien que nous soyons au courant de la pression qui pèse sur les pays à cause de cette flambée, je tiens à souligner l'importance que revêt le partage des informations avec l'OMS concernant les cas suspects, probables et confirmés en laboratoire identifiés, conformément au Règlement sanitaire international (RSI).
Malheureusement, aujourd'hui encore, alors que la situation devient critique, les informations sur les cas ne sont pas suffisamment communiquées par les pays à l'OMS. Dans notre Région, moins de 20 % de tous les cas confirmés ont été officiellement communiqués par les pays à l'Organisation. Les pays touchés par l'épidémie doivent contribuer aux connaissances mondiales sur la prévention de la COVID-19 et la lutte contre cette flambée en partageant les informations et les enseignements tirés.
Nous sommes tous encore en train d’apprendre au sujet de ce nouveau virus, nous devons donc suivre de près sa propagation, documenter les progrès dans la prise en charge des patients et appliquer rapidement des mesures de santé publique éprouvées qui peuvent nous aider à le contenir.
Grâce à une action décisive et rapide, nous pouvons ralentir le virus et empêcher sa propagation. Dans toute la Région, les gouvernements, les secteurs de la santé et les sociétés dans leur ensemble sont fermement résolus à lutter contre cette flambée. Mais nous avons besoin d'actions et d'investissements encore plus concrets en matière de prévention, de préparation, de mesures de santé publique et d’encadrement politique.
Les pays doivent continuer à détecter, tester, traiter, isoler, suivre et mobiliser leurs populations – grâce à cette approche, ils pourront faire en sorte qu’un nombre limité de cas ne se transforme pas en grappes et éviter ainsi l’évolution vers une transmission communautaire.
Nous sommes tous dans le même bateau, et nous avons tous un rôle à jouer. En tant que gouvernements, acteurs de la santé publique et sociétés, nous devons utiliser des faits et des preuves pour guider nos actions, et ne pas laisser la peur vaincre notre capacité à gagner le combat contre ce virus.
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