Mais, 10 ans après l’adoption de la Déclaration d’Abuja en avril 2001 qui a marqué un tournant, seuls six pays africains ont alloué 15 % ou plus de leur budget national au domaine de la santé. Plus troublant encore, 11 pays investissent à peine 5 dollars (USD) ou moins pour la santé, par individu et par an. Ce chiffre est bien en deçà de la somme requise pour la prise en charge des personnes ayant besoin d’être soignées.
Compte tenu de la stagnation qui prévaut presque dans tous les pays, les fonds externes destinés à financer le développement de la santé sont limités. Les interventions de grande envergure ne peuvent plus être financées par l’aide au développement. Par conséquent, l’engagement et l’utilisation judicieuse des fonds disponibles au niveau national sont d’autant plus importants.
Afin de remédier à ce problème majeur, plus de 300 participants, parmi lesquels les ministres de la Santé et des Finances et leurs représentants, des parlementaires, des membres d’organisations de la société civile, d’entreprises du secteur privé et des représentants de partenaires bilatéraux ou multilatéraux pour le développement ainsi que les hauts responsables de l’OMS ont pris part à une conférence ministérielle de haut niveau, pendant deux jours, consacrée au financement de la santé ; cette manifestation avait pour thème l’optimisation des ressources, la soutenabilité et la redevabilité pour la santé.
Cette Conférence de deux jours a été organisée par les institutions membres du Mécanisme d'harmonisation pour la santé en Afrique. La Conférence a vu l’adoption de la Déclaration de Tunis pour l’optimisation des ressources, la soutenabilité et la redevabilité pour la santé.
Cet événement a été officiellement inauguré par Son Excellence M. Hamadi Jebali, Premier Ministre tunisien et le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. M. Jebali y a incité les gouvernements africains à respecter les engagements qu’ils ont pris d’instaurer la santé pour tous. Le Dr Chan a lancé un appel pressant aux ministres des Finances et aux partenaires de développement afin qu’ils soutiennent le secteur de la santé. Elle a souligné l’importance d’une collaboration intersectorielle pour déterminer les moyens permettant d’améliorer l’efficacité et la redevabilité, et d’optimiser les ressources. Elle a également mis en exergue la nécessité d’un système d’information en matière de santé qui soit efficace à l’appui de la prise de décision.
Le continent africain a réalisé des progrès, dont l’amélioration de certains indicateurs de santé. Mais ces progrès doivent s’inscrire dans la durée. L’équité en matière de santé, l’optimisation des ressources, la réponse apportée à la mauvaise utilisation des ressources et l’accessibilité des services de santé pour tous comptent parmi les questions devant être sérieusement examinées par les responsables politiques.
Le Dr Ala Alwan, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale, a précisé que l’augmentation des ressources financières pour la santé ne se traduirait pas forcément par une contribution plus grande des pays mais qu’il conviendrait d’explorer d’autres ressources financières telles que l’augmentation de la taxation sur le tabac, l’alcool et certains produits alimentaires.
« Il ne s’agit pas de dépenser plus, mais de dépenser de manière plus équitable » a affirmé le Dr Donald Kaberuka, Président de la Banque africaine de développement, qui a réitéré l’engagement de la Banque à fournir l’appui nécessaire aux pays pour leur programme de développement sanitaire.
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"La santé est une condition indispensable au développement durable", d'après le Directeur général de l'OMS (en anglais uniquement)