Le Caire – Islamabad, 30 août 2022 – Alors que des districts du Pakistan continuent d’être touchés par des pluies de mousson massives et des niveaux sans précédent d’inondations, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) met en garde contre les menaces importantes pour la santé publique auxquelles les populations touchées sont confrontées, notamment le risque d’une nouvelle propagation de maladies à transmission hydrique et vectorielle telles que le paludisme et la dengue.
L'impact des fortes pluies de mousson, qui ont commencé à la mi-juillet 2022, est considérable. Elles touchent 33 millions de personnes dans 116 districts du pays, parmi lesquels 66 sont les plus gravement touchés.
Selon le ministère des Services de santé nationaux, de la réglementation et de la coordination, cette catastrophe naturelle a fait au moins 1000 morts et 1500 blessés, et plus de 161 000 personnes ont été déplacées vers des camps de secours.
Près de 888 établissements de santé ont subi des dégâts dans le pays, dont 180 sont complètement endommagés, ce qui a laissé des millions de personnes sans accès aux soins de santé et aux traitements médicaux, comme cela a été signalé dans de nombreux districts touchés.
« Selon une évaluation préliminaire menée par l’OMS et les partenaires humanitaires, le niveau actuel de dévastation est beaucoup plus grave que celui causé par les inondations au Pakistan les années précédentes, y compris celles qui ont dévasté le pays en 2010 », a déclaré le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale. « L’OMS a déclenché une riposte immédiate pour traiter les blessés, livrer des fournitures vitales aux établissements de santé, soutenir les équipes de santé mobiles et prévenir la propagation des maladies infectieuses. »
Les flambées épidémiques en cours au Pakistan, notamment la diarrhée aqueuse aiguë, la dengue, le paludisme, la poliomyélite et la COVID-19, sont encore aggravées, en particulier dans les camps et là où les installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement ont été endommagées. Avant même les fortes pluies et les inondations qui ont suivi, le Pakistan avait signalé 4531 cas de rougeole et 15 cas d’infection par le poliovirus sauvage en 2022. Les pluies et les inondations ont perturbé la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite dans les zones touchées.
« L’OMS collabore avec les autorités sanitaires pour réagir rapidement et efficacement sur le terrain. Nos principales priorités sont désormais de garantir un accès rapide aux services de santé essentiels à la population touchée par les inondations, de renforcer et d’étendre la surveillance des maladies, la prévention des flambées épidémiques et la lutte contre ces dernières, et d'assurer une solide coordination du groupe sectoriel pour la santé », a déclaré le Dr Palitha Mahipala, Représentante de l’OMS au Pakistan.
Selon les prévisions, les inondations s'aggraveront davantage dans les jours à venir, ce qui aura un impact humanitaire et de santé publique encore plus important. Les priorités immédiates de l’OMS sont d’élargir rapidement l’accès aux services de santé essentiels pour la population touchée par les inondations, de renforcer et d’étendre la surveillance des maladies, la prévention des flambées épidémiques et la lutte contre ces dernières et d’assurer une riposte bien coordonnée aux niveaux national et infranational, y compris avec la participation de tous les partenaires concernés.
Le Gouvernement du Pakistan pilote la riposte nationale, notamment en déclarant l’état d’urgence dans les zones touchées, en établissant des salles de contrôle et des camps médicaux au niveau des provinces et des districts, en organisant des opérations d’évacuation par voie aérienne et en organisant des séances de sensibilisation sanitaire pour les personnes qui sont désormais exposées à un risque accru de maladies à transmission hydrique et vectorielle, ainsi que d’autres maladies infectieuses telles que la COVID-19.
En étroite collaboration avec le ministère des Services de santé nationaux, de la réglementation et de la coordination, l’OMS renforce la surveillance de la diarrhée aqueuse aiguë, du choléra et d’autres maladies transmissibles afin d’éviter toute nouvelle propagation. Elle approvisionne également en médicaments essentiels et en fournitures médicales les établissements de santé fonctionnels qui traitent les communautés touchées. Avant les inondations, l’OMS et ses partenaires avaient entrepris l’administration des vaccins contre le choléra en réponse à la flambée préexistante. Le Pakistan est également l’un des deux derniers pays d’endémie au monde pour la poliomyélite, et les équipes de lutte contre cette maladie qui oeuvrent dans les zones touchées renforcent la surveillance de cette dernière ainsi que d’autres maladies. Les agents de lutte contre la poliomyélite collaborent étroitement avec les autorités nationales pour soutenir les efforts de secours, en particulier dans les zones les plus touchées par les inondations.
L’OMS a également redirigé les camps médicaux mobiles vers les districts touchés, y compris les équipes de riposte face à la COVID-19. En outre, elle a livré 1 700 000 comprimés d’Aquatabs pour assurer l’accès à l’eau potable et a fourni des kits de collecte d’échantillons pour assurer les tests cliniques afin de garantir la détection précoce des maladies infectieuses.
Tout en veillant à ce que les médicaments et les équipements essentiels soient disponibles, l’OMS et ses partenaires procèdent également à une évaluation immédiate plus large des services de santé touchés et identifient les principaux domaines prioritaires nécessitant une intervention, y compris la prestation de services de santé de routine et d’urgence. Le Bureau régional de l’OMS déploie également une équipe de renfort d’experts en santé publique pour intensifier la capacité de riposte du pays.