Djibouti mène une campagne de vaccination de masse pour protéger les enfants contre la poliomyélite tandis que des flambées sévissent dans la Corne de l’Afrique

Djibouti mène une campagne de vaccination de masse pour protéger les enfants contre la poliomyélite tandis que des flambées sévissent dans la Corne de l’Afrique5 décembre 2018 – L’analyse préliminaire des données de la campagne indique le succès d’une tournée de vaccination dans un pays exempt de poliomyélite confronté à un risque d’importation.

Au cours de la dernière semaine du mois d’octobre, le ministère de la Santé de Djibouti, en collaboration avec l’OMS, l’UNICEF et d’autres partenaires, a mené avec succès les premières journées nationales de vaccination antipoliomyélitique conduites dans le pays depuis 2015.

Si Djibouti n’a pas connu de cas de poliomyélite depuis 1999, la flambée récente qui sévit dans les pays voisins de la Corne de l’Afrique, ainsi que les faibles niveaux de couverture par la vaccination systématique dans certaines zones du pays indiquent que Djibouti reste exposé à un risque si le poliovirus venait à se propager du fait des mouvements de populations.

D’autres pays de la Corne de l’Afrique coopèrent déjà en vue de contrôler la flambée actuelle et de réduire le risque de propagation. Djibouti étant l’une des voies de migration principales de cette région, il est plus que logique que le pays rejoigne cette riposte coordonnée.

Pour le Dr Ahmed Zouiten, Représentant de l’OMS à Djibouti par intérim, le contexte exigeait de prendre des mesures.

« Je préfère m’occuper d’une campagne de prévention plutôt que d’une flambée de poliomyélite », a-t-il déclaré.

Dans cette optique, une journée nationale de vaccination prévue pour 2019 a été avancée à cette année, puis a été étalée sur quatre jours, du 23 au 26 octobre. La cible était fixée à 120 000 enfants de moins de cinq ans, un nombre suggéré suite au dernier recensement effectué à Djibouti en 2009. Deux stratégies ont été proposées : l’une où les enfants seraient vaccinés à des endroits fixes (établissements de santé), et une approche complémentaire de porte-à-porte réalisé par une équipe composée de deux personnes (un vaccinateur et une personne chargée de l’enregistrement des vaccinations).

Les jours et les semaines précédant les journées nationales de vaccination, tous les partenaires, notamment le gouvernement, l’OMS et l’UNICEF, ont eu recours à divers moyens de communication, allant de l’affichage extérieur aux spots radiophoniques, pour s’assurer que les communautés étaient informées non seulement du risque de poliomyélite, mais également de l’importance de protéger les enfants des maladies à prévention vaccinale.

La cérémonie de lancement officielle de la campagne a eu lieu à la polyclinique Youssouf Abdillahi Iftini dans le quartier de Balbala, en la présence du Ministre de la Santé, des Représentants de l’OMS et de l’UNICEF et d’autres partenaires. Au cours de la semaine qui a suivi, les vaccinateurs ont dépassé les cibles prévues et ont vacciné tous les enfants de moins de cinq ans vivant sur le territoire djiboutien qu’ils avaient pu atteindre, quelles que soient leurs origines. Les enfants issus des populations nomades, de réfugiés et de migrants ont été vaccinés.

Bien que les chiffres finaux soient encore en train d’être compilés sous forme de tableaux à l’aide de mécanismes de suivi indépendants, les résultats initiaux montrent une couverture élevée de la population cible. Cela signifie que les vaccinateurs ont atteint le nombre cible estimé d’enfants, et au-delà, auquel ils ont probablement inclus de nouvelles cohortes d’enfants qui n’avaient pas été prises en compte dans les estimations préalables. Atteindre ces enfants permet d’orienter davantage les estimations de vaccination en vue des campagnes à venir.

Pour le Dr Zouiten, un tel résultat mérite d’être célébré.

« Aujourd’hui, nos enfants sont en voie d’être mieux protégés, et nous lancerons bientôt une deuxième campagne pour nous en assurer », a-t-il ajouté.

« Avant, nous craignions que la circulation du poliovirus dans la région ne constitue un risque. Après cette première campagne de vaccination, nous savons que nous sommes sur la bonne voie pour que les enfants djiboutiens soient protégés. Il n’a pas été simple d’obtenir ces résultats ; cela a été rendu possible grâce à la collaboration entre le ministère de la Santé, l’OMS, l’UNICEF et d’autres partenaires. »

Au vu du risque élevé d’importation du poliovirus, l’OMS, l’UNICEF et le gouvernement djiboutien ont décidé de ne prendre aucun risque : l’organisation d’une deuxième et d’une troisième journées nationales de vaccination en 2019 est prévue. Tandis qu’une flambée sévit dans la région, il est essentiel que les pays autour renforcent leurs niveaux de vaccination, et s’assurent que les systèmes de vaccination systématique et de surveillance des maladies sont suffisamment solides afin de détecter toute circulation du virus. Malgré le coût et les efforts qu’a requis la mise en place des activités de vaccination nationales, les partenaires s’accordent tous sur un point : « En matière de riposte, mieux vaut prévenir que guérir ».