Par le Dr Ala Alwan, Directeur régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale
Le 28 février - Il y a trois mois, la plupart des gens n'avaient jamais entendu parler du virus Zika. Aujourd'hui, ce virus fait les gros titres des quotidiens du monde entier. Plus tôt ce mois-ci, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) l'a déclaré « urgence de santé publique de portée internationale », faisant de lui la quatrième épidémie seulement à recevoir une telle désignation dans toute l'histoire de l'OMS. Cette étiquette est attribuée aux événements extraordinaires qui mettent en danger la santé publique et constituent un risque pour celle-ci dans d'autres états en raison du risque de propagation mondiale de maladies, et qui peuvent requérir une action internationale coordonnée. Bien que le virus Zika soit connu depuis 1947, la sonnette d'alarme n'a été tirée qu'aujourd'hui, après l'explosion constatée du nombre de groupes de cas de microcéphalie (tête anormalement petite) chez des nouveau-nés et d'autres troubles neurologiques dans les zones récemment infectées. À ce stade, il est impossible d'affirmer avec certitude que le virus est la cause de ces troubles. Cependant, aucune autre explication claire n'ayant encore été fournie à propos de l’apparition de ces groupes de cas, l'OMS appelle tous les pays à prendre des mesures renforcées pour réduire le risque d'infection par le virus Zika, en particulier chez les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer. La plupart des personnes atteintes de la maladie à virus Zika présentent une fièvre modérée, des éruptions cutanées et de la conjonctivite (yeux rouges), ainsi que des douleurs musculaires et articulaires.
Le virus est transmis par le moustique Aedes, soit l’espèce également responsable de la dengue, de la fièvre jaune, de la fièvre à virus West Nile et du chikungunya. Ce moustique est présent dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Ainsi, si des personnes ayant séjourné dans les pays concernés sont infectées par le virus, à leur retour, les moustiques peuvent commencer à propager la maladie. Ces moustiques piquent au cours de la journée, à l'inverse des moustiques porteurs du paludisme qui ont tendance à piquer entre le coucher et le lever du soleil. Ils semblent également préférer les environnements urbains et les petites quantités d'eau stagnante pour se reproduire. Ainsi, le fait de vider des récipients contenant de l'eau stagnante entraîne souvent la création de gîtes larvaires pour les moustiques. Étant donné qu'il n'existe actuellement aucun traitement ou vaccin spécifique, la meilleure forme de prévention reste la protection contre les piqûres de moustiques.
En vue de protéger les populations du Moyen-Orient, l'OMS invite tous les pays à renforcer leur surveillance pour une détection précoce des infections, en particulier chez les voyageurs quittant des pays où le virus est actuellement en circulation. Nous pensons également que la vigilance à l'égard de toute augmentation du nombre de nouveau-nés atteints de malformations congénitales ou de syndromes neurologiques en l'absence de raison médicale valable est primordiale. Améliorer la surveillance dans les pays où les moustiques de l’espèce Aedes aegypti et Aedes albopictus sont présents afin de détecter les zones où se concentrent les populations de moustiques, et renforcer les activités visant à réduire la source des populations de moustiques, en particulier les gîtes larvaires comme l'eau stagnante, constituent autant de mesures qui peuvent contribuer à prévenir la maladie.
Cet article a été publié pour la première fois le 17 février 2016 dans l'édition pour le Moyen-Orient de la revue Newsweek