Votre Altesse Royale, Excellences, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez-moi dans un premier temps de vous remercier tous de votre présence ici aujourd’hui. C’est un grand honneur que d’organiser cette réunion spéciale sous les auspices de Son Altesse Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, Vice-président et Premier Ministre des Émirats arabes unis et Gouverneur de Dubaï. Au nom de l’OMS, je tiens à exprimer toute notre gratitude à Son Altesse pour son soutien à cette noble cause, qui représente un grave problème de santé publique.
C’est également un grand privilège pour nous que d’être en présence de Son Altesse Royale la Princesse Haya Bint Al Hussein, Épouse de Son Altesse Sheikh Mohamed Bin Rashid Al Maktoum, Messagère de la paix et Présidente du Conseil de l’hôpital Dubai Healthcare City, et dont l’engagement dévoué afin de contribuer à l’amélioration de la santé de la femme et de l’enfant est bien connu.
Votre Altesse Royale, le rôle que vous assumez depuis longtemps dans la promotion de la santé publique est apprécié à sa plus haute valeur.
C’est un honneur que d’être en présence d’un si grand nombre de ministres de la Santé et de hauts représentants des États Membres. À ma connaissance, il s’agit de la première réunion de haut niveau consacrée tout particulièrement à la santé de la mère et de l’enfant qui a lieu dans cette Région. Je souhaite sincèrement qu’elle soit la première d’une longue suite de réunions, et que chacune d’entre elles soit l’occasion de jeter les bases de progrès futurs en vue d’une amélioration de la vie des mères et des enfants de notre Région.
En 2000, les dirigeants mondiaux se sont engagés à réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement 4 et 5, qui sont des objectifs mondiaux ayant trait à la santé maternelle et infantile. Depuis, d'autres initiatives mondiales importantes ont été lancées, comme la Stratégie mondiale du Secrétaire général des Nations Unies pour la santé de la femme et de l’enfant.
Tous les pays de la Région OMS de la Méditerranée orientale ont pris des mesures en vue de réaliser ces objectifs, et des progrès remarquables ont été accomplis. À tel point que certains pays de la Région pourraient atteindre ces objectifs avant 2015, tandis que d’autres devraient y parvenir dans l’espace de deux ans. Quelques pays ont réussi, entre autres, à réduire considérablement la mortalité maternelle.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire, et ce de manière urgente.
Comme nous l'avons dit hier, la mortalité maternelle et infantile totale diminue plus lentement ici que dans toute autre région du monde. Chaque année, plus de 900 000 enfants de moins de cinq ans meurent dans notre Région ainsi que plus de 40 000 femmes en âge de procréer.
Ces chiffres sont terribles. Mais l’impact humain nous fait encore mieux comprendre la nécessité d'agir. Chacun de ces enfants est une fille ou un fils, un frère ou une sœur. Ces femmes, dans une grande majorité, sont des épouses et des mères. Chaque décès est une tragédie personnelle pour la famille et la communauté.
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, la plupart de ces décès peuvent être évités. J’y vois une lueur d’espoir : nous savons ce qu'il faut faire et nous savons que les coûts ne sont pas nécessairement exorbitants.
C’est pourquoi, lorsque j’ai pris mes fonctions de Directeur de l'Organisation mondiale de la Santé pour notre Région, j’ai fait de l’amélioration de la santé de la mère et de l‘enfant une de mes priorités. Je ferai tout mon possible pour que l’OMS renforce son action auprès des pays afin de les aider dans les efforts qu'ils déploient pour garantir la vie et la santé des mères et des enfants. De plus, je suis déterminé à travailler en étroite collaboration avec les États Membres au cours de mon mandat pour que nous changions le cours des choses.
Les vingt-trois pays de la Région ont tous approuvé cette priorité lorsqu’elle leur fut présentée, d’abord au mois de mai, l’an dernier, puis en octobre 2012, pendant la dernière session du Comité régional.
Nous nous sommes mis d’accord sur trois principes fondamentaux sous-tendant notre action :
En premier lieu, nous devrons renforcer notre soutien aux dix pays dans lesquels la charge de mortalité maternelle et infantile est la plus élevée, et ce pendant les trois prochaines années, soit jusqu'à la fin de l'année 2015.
En deuxième lieu, l’OMS et les États Membres ne peuvent réussir seuls. Comme l’a dit le Secrétaire général lors du lancement de la Stratégie mondiale, en 2010 : « La réponse est dans l’affirmation de notre détermination collective. » Ainsi, nous sommes ravis de coparrainer cette réunion avec deux autres institutions du système des Nations Unies, l’UNFPA et l’UNICEF, et de voir réunis dans cette salle des hauts représentants de gouvernements, d’agences de développement et de la société civile. Je ne doute point qu’il ne s'agit là que d'un commencement, et que chacun d'entre nous s'engagera aujourd'hui à assurer la pleine coopération de toutes les parties prenantes dans l’amélioration de la santé maternelle et infantile, y compris la précieuse collaboration des mères elles-mêmes.
En dernier lieu, le troisième principe qui caractérisera notre travail pendant les trois prochaines années consiste à mettre l’accent sur la mise en œuvre d’interventions de soins de santé primaires d’un bon rapport qualité-coût. Comme première étape, nous avons défini un ensemble d’interventions « les plus économiques » pour la santé maternelle et infantile, lesquelles permettront d'obtenir des résultats importants dans les dix pays les plus touchés sans mettre en péril l’équilibre financier. Vous connaissez déjà ces interventions, que nous avons examinées en détail hier : la planification familiale, le suivi de la grossesse et l'accouchement en présence de personnel qualifié sont des éléments clés ; tout comme la vaccination, le traitement des principales maladies infantiles (notamment la pneumonie et la diarrhée) et l’amélioration de la nutrition et de l'accès à l'eau propre ainsi qu’à l'assainissement.
Il est évident que les besoins de santé varient grandement entre les différents pays et en leur sein même, tout comme le niveau d’investissement dans la santé et les capacités du système de santé. Chaque pays devra composer un éventail d’interventions prioritaires à mettre en œuvre, ayant pour chacun un coût différent.
En outre, il faut absolument être réaliste. C’est pour cette raison que nous avons établi deux scénarios, l'un prévoyant la couverture universelle - ou quasi universelle (95 %) - et l’autre moins ambitieux. Néanmoins, nous estimons qu’en s’engageant, en assurant une coordination étroite et en travaillant d'arrache-pied, une augmentation de cinq dollars US des dépenses de santé (par personne et par an) suffirait à sauver plus de 300 000 enfants et 7 000 mères dans les dix pays en question. Est-ce à notre portée ou peut-on s'en approcher ? Peut-on suivre cette voie en espérant obtenir de si bons résultats ? C’est en tous les cas notre défi pour les trois années à venir.
Par ailleurs, il n’est pas vain de souligner un détail supplémentaire, qui a son importance. Pour les trois prochaines années et au-delà, près de la moitié des besoins d’investissement sera consacrée à renforcer les systèmes de santé, ce qui ne bénéficiera pas seulement aux mères et aux enfants mais à toute la population de manière générale.
Soyons bien clairs : nous n’avons pas pris ces décisions dans l’ombre de nos bureaux au Caire, à Amman et à Genève. En préparant cette réunion, nous avons travaillé main dans la main avec les États Membres, comme nous continuerons de le faire. Au cours des trois dernières années, les collègues de l'OMS, de l’UNICEF et de l’UNFPA se sont réunis avec leurs confrères dans les pays pour discuter des plans existants, pour déterminer où et comment il fallait augmenter les efforts, et pour trouver les moyens d'y parvenir.
Plus tard, dans la matinée, après avoir abordé le stade de l’évaluation et de la planification techniques, nous ferons porter nos efforts sur l’étape suivante, cruciale, celle de l’engagement politique et de l’action concrète et décisive. En participant à cette réunion de haut niveau, vous témoignez tous de l'intérêt que vous portez à cette question et de votre détermination à agir. Au nom de l’Organisation mondiale de la Santé, ainsi qu’au nom des mères et des enfants qui devraient bénéficier de cet engagement, je vous remercie pour tout ce que vous avez accompli jusqu'ici. Je suis impatient de découvrir vos plans d'action et de travailler en étroite collaboration avec vous en vue d’honorer nos engagements.